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Le manque de clarté du Pakistan

Les autorités françaises ont mis en cause mardi le «manque de clarté» du Pakistan dans la lutte contre Al-Qaida et contre son chef, au moment de recevoir le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani

«La position du Pakistan manque à nos yeux de clarté», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé devant la presse, au lendemain de l’élimination du chef d’Al-Qaida, tué par un commando américain dans la cité d’Abbottabad. «J’ai un peu de mal à imaginer quand même que la présence d’une personne comme Ben Laden dans un compound («complexe») important dans une ville relativement petite, même si elle est à 50 km du cœur d’Islamabad, ait pu passer complètement inaperçue. C’est un sujet d’interrogation», a-t-il ajouté.

Alain Juppé devait recevoir mardi soir pour un dîner de travail le premier ministre pakistanais. Yousuf Raza Gilani doit s’entretenir mercredi avec le président français Nicolas Sarkozy et avec le premier ministre François Fillon. «Je demanderai à M. Gilani ce soir […] d’expliquer comment les choses se sont passées et nous aurons donc un dialogue qui je l’espère sera instructif», a ajouté le ministre des Affaires étrangères.

La présence d’Oussama ben Laden dans une résidence à Abottabad, dans un quartier habité par d’anciens officiers pakistanais, a relancé aux Etats-Unis les accusations de double jeu dans la lutte contre Al-Qaida et contre les talibans adressées à l’allié pakistanais.

Des parlementaires américains ont exigé des explications mais l’administration de Barack Obama a choisi dans l’immédiat de retenir ses critiques à l’égard d’Islamabad.

«Souvent nous avons tendance à parler du Pakistan en général ou des autorités pakistanaises en général, peut-être leur cohésion n’est-elle pas aussi grande que nous pouvons le penser vu de Paris», a souligné Alain Juppé.

Le ministre français de la Défense Gérard Longuet a quant à lui estimé sur la radio Europe 1 que l’Afghanistan et le Pakistan «ont l’air de mieux se comprendre et de mieux se parler, ce qui est indispensable à la solution de la crise afghane». Le président pakistanais Asif Ali Zardari a répondu aux critiques contre son pays, insistant sur le fait que le Pakistan «avait pris sa part» de travail dans la traque du chef d’Al-Qaida.