Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a rencontré lundi au Caire le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avant de se rendre à Jérusalem et Ramallah pour tenter d’apaiser les tensions en pleine flambée de violences entre Palestiniens et Israéliens. Cette visite, prévue de longue date, a pris une tournure différente avec l’escalade des violences israélo-palestiniennes et les appels à la retenue en provenance de l’étranger se sont multipliés.

Abdel Fattah al-Sissi, un acteur incontournable du dialogue autour du conflit israélo-palestinien, tout juste de retour d’une tournée en Asie, a reçu le secrétaire d’Etat américain au Caire avec ces violences comme principal sujet de discussions. Dans la foulée des attaques anti-israéliennes, le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou – le plus à droite de l’histoire d’Israël – a annoncé des mesures visant à punir les proches des auteurs d’attentats.

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Engrenage de la violence

Les forces israéliennes ont ainsi mis sous scellés la maison de la famille d’un Palestinien qui a tué sis Israéliens et une Ukrainienne vendredi à Jérusalem-Est, en vue de la détruire. Cette attaque est survenue au lendemain du raid israélien le plus meurtrier depuis des années en Cisjordanie occupée avec dix Palestiniens tués à Jénine, suivi de tirs de roquettes de Gaza vers Israël et de frappes aériennes israéliennes de représailles.

Samedi, un Palestinien a blessé deux Israéliens, un père et son fils, également à Jérusalem-Est et dimanche, des gardes israéliens ont tué un Palestinien en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Lundi, les forces israéliennes ont tué un Palestinien à Hébron en Cisjordanie, selon les autorités palestiniennes.

Ces violences font craindre un nouvel engrenage et Antony Blinken doit de nouveau réitérer l’appel américain à la retenue lundi auprès de Benjamin Netanyahou puis auprès du président palestinien Mahmoud Abbas. Le secrétaire d’Etat a affirmé à la chaîne saoudienne al-Arabiya «vouloir parler au gouvernement israélien et à la direction de l’Autorité palestinienne». «Je veux pouvoir entendre ce que les gens qui sont affectés au quotidien ont à dire», a-t-il affirmé.

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Marge de manœuvre limitée

Après le président Sissi, Antony Blinken a rencontré au Caire le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri. Rien n’a filtré dans l’immédiat sur la teneur des discussions. L’Egypte, sa diplomatie et surtout ses services de renseignement, sont régulièrement sollicités pour intervenir dans la question palestinienne. Premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979, et Etat voisin de la bande de Gaza sous blocus israélien depuis plus de 15 ans, l’Egypte reçoit tout autant des chefs de gouvernement israéliens que les dirigeants des différents partis palestiniens.

Si les Etats-Unis et l’Egypte – l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine – sont des acteurs diplomatiques de poids, il n’en reste pas moins que pour les experts, la marge de manœuvre du secrétaire d’Etat paraît limitée. Washington a condamné une attaque «épouvantable» à Jérusalem-Est et Antony Blinken va enjoindre Benjamin Netanyahou et Mahmoud Abbas à «prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade» selon le département d’Etat.

Mais en privé des responsables américains ne cachent pas leur frustration face à l’escalade et l’impasse dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien. Si peu d’avancées sont attendues sur le front de la désescalade, Washington tente surtout de renouer avec Benjamin Netanyahou. Des responsables se sont récemment succédé à Jérusalem et certains experts évoquent une possible venue du premier ministre israéliéien à la Maison Blanche dès février.

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