Mauvais présage pour la COP26, le G20 fait le service minimum sur le climat: le suivi du dimanche 31 octobre
COP26
A Rome, les dirigeants du G20 sont parvenus à un accord pour limiter l'élévation de la température à 1,5 degré mais les moyens pour y parvenir ne sont pas au rendez-vous. Après avoir rejeté la loi sur le CO2, la Suisse ne pourra pas respecter ses engagements

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques se tient à Glasgow, du 31 octobre au 12 novembre. Suivez les principaux événements de ce sommet dans ce fil en continu.
En un clin d'œil: Quatre graphiques pour comprendre les enjeux climatiques
Notre dossier: Finance climatique, enjeux géopolitiques, éco-anxiété: retrouvez tous nos articles dans notre dossier «COP26, entre espoir et pessimisme»
L’essentiel: Quelque 20 000 délégués convergeaient samedi vers Glasgow en Ecosse, pour la COP26, une conférence sur le climat décisive six ans après l’accord de Paris. Parmi eux, l’activiste suédoise Greta Thunberg est arrivée en train à Glasgow entourée par d’autres jeunes et la police.
Lire aussi: «NDC, marché carbone, mitigation: le lexique de la COP26»
Les chefs d’Etat, eux, sont attendus en Ecosse à partir de dimanche soir. Réunis à Rome, les dirigeants du G20, les pays les plus industrialisés de la planète responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, tentaient de s’entendre sur des réductions ambitieuses de ces rejets dans l’atmosphère. Les résultats de la réunion du G20 doivent donner le ton des négociations à Glasgow, prévues pour durer jusqu’au 12 novembre.
Lire sur ce sujet: «Le G20 de Rome, rampe de lancement pour la COP26»
■ Les dirigeants doivent être «plus ambitieux», exige la patronne du FMI
La patronne du FMI a appelé les dirigeants du monde réunis à la COP26 sur le climat à Glasgow à se montrer «plus ambitieux» dans leurs politiques contre le changement climatique, «une grave menace à la stabilité financière et économique», selon un porte-parole du Fonds Monétaire International.
«Inchangées, les politiques mondiales vont laisser les émissions de carbone en 2030 bien plus élevées que nécessaires pour maintenir en vie l’objectif (de limiter le réchauffement à) 1,5°C », écrit la responsable. «Pour réaliser ces réductions, les décideurs politiques présents à la COP26 doivent combler deux lacunes critiques: en termes d’ambition et de politique.»
La directrice générale du FMI appelle notamment «les économies avancées à réduire plus rapidement leurs émissions pour des raisons d’équité et de responsabilité historique».
Elle a insisté pour que les économies avancées tiennent leur engagement à fournir 100 milliards de dollars par an de financement aux pays à faible revenu à partir de 2020 pour compenser le coût de l’abandon des combustibles fossiles.
■ Sans nouvelle taxe, la Suisse pourrait ne pas respecter l’accord de Paris
Après l’échec de la loi sur le CO2 lors des votations du 13 juin, Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale chargée de l’Environnement, a promis d’abandonner l’idée d’une taxe à la pompe à essence pour la réforme de la loi sur le CO2. Sauf que sans nouvelle taxe, les deux objectifs principaux de l’accord de Paris seraient manqués, suggère un document de travail de 55 pages de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) que Heidi.News a pu consulter.
L’objectif de la réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 et celui de la limitation à 35% ces émissions en moyenne sur la période 2021-2030 pourraient ne pas être atteints sans nouvelle taxe, et ce même avec de nouvelles mesures, écrit Heidi.News.
Les organisations Extinction Rebellion et Scientist Rebellion ont revendiqué la fuite du document.
■ Les pays les plus riches déçoivent avant d’arriver à Glasgow
Les pays du G20 n’arriveront pas les mains vides à la conférence de Glasgow sur le climat, mais les engagements sur lesquels ils se sont entendus dimanche à Rome laissent sur leur faim les organisations de défense de l’environnement.
Une déclaration qui va légèrement au-delà de l’accord de Paris sur l’objectif de limitation du réchauffement climatique à +1,5°C, avec un engagement à ne plus subventionner les centrales au charbon à l’étranger. Mais pas de date claire pour sortir complètement du charbon ou des énergies fossiles, ni pour arriver à la neutralité carbone.
«Si le G20 était une répétition en costumes pour la COP26, alors les leaders mondiaux ont raté leur réplique», a estimé Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International. Et de dénoncer un communiqué final du G20 «faible, manquant d’ambition et de vision». «Tout ce que nous avons vu, c’était des demi-mesures plus que des actions concrètes», a renchéri Friederike Röder, vice-présidente de Global Citizen.
Lire aussi: «Le blog de Jacques Neirynck: à Glasgow, il est déjà trop tard»
Après leur sommet romain, les dirigeants du G20 partiront directement pour Glasgow, où s’est ouvert dimanche la conférence climat de l’ONU, une réunion de deux semaines considérée comme cruciale pour l’avenir de l’humanité.
Et le signal qu’allait envoyer ce groupe, qui réunit les principales économies développées (UE, Etats-Unis) mais aussi de grands émergents comme la Chine, la Russie, l’Inde ou le Brésil, était d’autant plus attendu que ces pays représentent 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
■ A Glasgow, les prix du logement ont «triplé», voire «quadruplé»
Plusieurs délégués rapportent que le prix de leur logement à Glasgow est en réalité beaucoup plus élevé que ce qu’ils avaient prévu. Comme cette jeune activiste qui disait samedi sur Twitter recevoir de nombreux appels de personnes, dont les réservations ont été annulées et les prix des chambres ont «triplé» voir «quadruplé».
People arriving in Glasgow today finding their accommodations are cancelled & price increased 3-4X to re-book.
— Alexandria Villaseñor is in Glasgow! (@AlexandriaV2005) October 30, 2021
I'm being contacted hourly by people who are stranded and can't afford the price hike.
Glasgow showing us they are capitalist AF and could care less about the planet.
La participation des ONG et des représentants des petits pays est un défi pour cette COP26, alors que les autorités réclament la vaccination pour entrer sur le territoire britannique.
Lire aussi: «Pour les délégués du Sud, un chemin semé d’embûches vers Glasgow»
■ «Cette COP est notre dernier espoir pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré»
La COP26 s’est ouverte à Glasgow, peu après midi heure suisse. Elle a commencé par l’élection par acclamations du président de la conférence: l’ancien ministre de l’Industrie britannique Alok Sharma, une personnalité peu connue. Dans son discours, le président de la COP26 a estimé que la conférence était «le dernier espoir pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré». Un seuil au-delà duquel les scientifiques prévoient une accélération des catastrophes dues au changement climatique. Alok Sharma a aussi promis des négociations «inclusives». 197 pays participent aux discussions pour parvenir à des mesures concrètes, six ans après l’accord de Paris. Les chefs d’Etat sont attendus à la tribune lundi.
Lire aussi: «Alok Sharma, le discret comptable chargé de faire de la COP26 un succès»
■ Les pays du G20 vont-ils donner l’exemple?
Les dirigeants du G20, les pays industrialisés responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, se sont entendus dimanche sur un objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels, selon le projet de communiqué final, consulté par l’AFP.
Le G20 réaffirme l’objectif de l’accord de Paris, à savoir «maintenir l’augmentation moyenne des températures bien en dessous de 2 degrés et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels».
Pour y parvenir, les mesures concrètes sont encore inconnues. Toujours selon l’AFP, les pays du G20 se sont entendus pour arrêter de financer les centrales à charbon à l’étranger, mais sans s’engager sur un abandon de cette énergie très polluante à l’intérieur de leurs frontières. Le communiqué du G20 doit être publié plus tard dans la journée.