L’heure du téléphone indique que Park Su-hyeon a commencé à filmer à 8h52 locales, quelques minutes avant que l’équipage du Sewol n’envoie le premier signal de détresse. Onze minutes plus tard, les lycéens restent gais. L’un d’eux juge, sur un ton cabot, qu’il est temps pour lui de transmettre ses dernières volontés. D’autres se demandent si l’incident sera aux infos.
Et puis lentement l’angoisse et la confusion saisissent les jeunes qui réalisent la gravité de la situation. Un lycéen a les jambes tremblantes et se sent nauséeux. Un autre réagit, interdit, à l’ordre de mettre les gilets de sauvetage. «Je ne comprends pas. Mettre les gilets de sauvetage? Ça veut dire que le bateau est en train de couler?»
Tout au long de l’enregistrement, on peut entendre l’équipage ordonner par haut-parleur aux passagers de rester où ils sont. Le capitaine et 14 marins ayant survécu à la catastrophe ont été arrêtés et accusés d’avoir tardé à donner l’ordre d’évacuation, de sorte que, lorsque cet ordre est enfin intervenu, l’inclinaison du navire était trop prononcée pour permettre aux lycéens de sortir.
Le capitaine a expliqué avoir voulu empêcher des passagers de sauter à la mer avant l’arrivée des secours et de se noyer. «Que fait le capitaine?» s’interroge un lycéen dans la vidéo. Sur les 476 passagers du Sewol, 325 étaient des lycéens du même établissement se rendant sur l’île de Jeju. Le bilan du naufrage était vendredi de 225 morts et 77 disparus.