Merkel-Steinbrück, le duel sans combat
revue de presse
Tout le monde a gagné, mais il n’y a pas eu de vainqueur dans le débat qui a opposé dimanche soir à la télévision la chancelière allemande et son rival du SPD trois semaines avant les législatives. Comme les jeux semblent d’ores et déjà faits à Berlin, les commentateurs sont déçus

La chancelière Angela Merkel s’est montrée «souveraine», et son rival Peer Steinbrück n’a pas dérapé: à trois semaines des législatives, leur unique débat télévisé, dimanche soir en direct sur quatre chaînes télévisées allemandes devant 15 millions de téléspectateurs, s’est soldé par un match nul, selon les sondages et les commentateurs.
C’est du moins l’avis du Spiegel, qui titre sur son site internet «Das war 0:0», sous-entendu, assez plat aussi: «Merkel s’est montrée faible, mais Steinbrück n’était pas meilleur qu’elle» dans ces «prestations fatiguées». Fair-play et «sans attaques personnelles», juge la Frankfurter Allgemeine. Il n’y a «à nouveau» pas eu de «combat électoral», regrette la Berliner Zeitung.
Une histoire de collier
Mais selon l’institut de sondage Forsa, 44% des Allemands ont estimé que Mme Merkel avait gagné le duel, tandis que 43% d’entre eux y ont vu une victoire du social-démocrate. Et d’après une autre enquête, effectuée par Infratest dimap pour la télévision ARD, 49% attribuaient la victoire à Steinbrück, contre 44% à Merkel. C’est dire si les résultats sont contrastés.
Et peu clairs trois semaines avant le jour «J», alors que sur Twitter, c’est surtout le collier de la chancelière – aux couleurs du drapeau allemand – qui apparaît comme le grand vainqueur du TV-Duell, montrant la relativité de l’enjeu politique aux yeux des téléspectateurs. Mais un collier mal positionné, donc arborant les couleurs d’un drapeau belge à l’envers… Aïe. Voir à ce propos le propre compte du bijou patriotique, avec près de 6000 abonnés à cette heure: Deutschland Kette (@schlandkette).
Survie sans ridicule
«La chancelière et son rival ont, comme on pouvait s’y attendre, survécu au duel – et personne ne s’est couvert de ridicule», estime pour sa part la Süddeutsche Zeitung, qui s’est amusée à énumérer le vrai et le faux dans les déclarations des deux protagonistes, en assurant également une bonne plus-value d’informations recueillies par le biais des réseaux sociaux. Mais elle remarque, dans une jolie formule qui dit encore une fois à quel point les jeux paraissent déjà faits: «Victoire et défaite sont souvent une question d’interprétation», sauf que pour Steinbrück, en retard dans les sondages, «tout ce qui n’est pas une victoire claire est une défaite».
«La chancelière et le candidat – un duel entre gens égaux, les yeux dans les yeux: Steinbrück s’est battu, Merkel est restée prudente», écrit de son côté Die Welt. Ce alors que le vrai vainqueur de la soirée, selon le Bild, c’est l’ancien et ineffable participant au concours Eurovision de la chanson (année 2000, 15e sur 24 avec «Wadde hadde dudde da?») devenu présentateur de variétés, Stefan Raab, qui était un des quatre interviewers. A égalité, toujours, avec ce collier de la chancelière aux couleurs noir, rouge et or.
Bon sans plus
La Frankfurter Runschau, elle, a fait sa propre revue de presse, où l’on peut lire quelques phrases fortes: «Steinbrück a réussi à donner l’impression qu’il y avait ici un type qui pouvait gouverner ce pays – peut-être même mieux que la chancelière actuelle.» Une victoire mais «sans valeur», selon Die Zeit. Le challenger du SPD s’est montré «précis, élégant et rapide», mais «il n’y a pas de vainqueur clair» contre cette «femme dominante», aux yeux de la Neue Zürcher Zeitung. Steinbrück «lutte bien», mais il est dans une posture de «survie» pour la Mittelbayerische Zeitung. Il était «aussi bon qu’il pouvait l’être, sans plus», dit le Tagesspiegel.