Une foule compacte. Une estrade digne d’un ring. Des rues fermées par des cordons de policiers à n’en plus finir. Dans Strasbourg, ville morte, suspendue à l’ouverture ce soir du sommet de l’OTAN, Barack Obama a, en quelques heures, donné le ton et imposé sa marque. Le sommet du soixantième anniversaire de l’Alliance atlantique, dominé par la question de l’Afghanistan et des futures relations des 28 pays membres de l’OTAN avec la Russie, démarrera vers 19h par un dîner des chefs d’Etat et de gouvernement à Baden-Baden (Allemagne). Avant de se poursuivre samedi matin à Strasbourg. L’Albanie et la Croatie ont rejoint cette année l’Alliance.

Après avoir jeudi soir conclu le sommet du G20 par une longue conférence de presse, à la fois détendu et ouvert, prenant lui-même les questions en provenance de la salle, le président américain s’est affirmé ce matin à Strasbourg comme l’homme autour duquel tout va désormais tourner. Louant le retour de la France dans le commandement militaire de l’OTAN à l’issue de son entretien bilatéral matinal avec Nicolas Sarkozy, l’hôte de la Maison-Blanche ne pouvait pas rompre de manière plus saillante avec le style de son prédécesseur George Bush. A Bucarest l’an dernier, pour le précédent sommet de l’Alliance atlantique, ce dernier s’était bien gardé de rencontrer la population et la presse. Sa seule prestation avait été un discours réservé à quelques centaines de personnes dans un théâtre de la capitale roumaine. Sans échange avec la salle.

Digne d’une rock star

Changement de style radical pour Barack Obama. Sitôt conclue sa conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy, le président américain a enchaîné avec une toute autre prestation: une heure de rencontre avec plus d’un millier d’étudiants européens massés au Rhénus, un gymnase proche du centre de presse du sommet de l’OTAN. Une affluence digne d’une rock star, symbole de la déferlante de communication qui entoure depuis leur arrivée en Europe le couple Obama. Au programme: un discours à la jeunesse très attendu, puis une séance de questions-réponses au cours de laquelle l’hôte de la Maison-Blanche, particulièrement à l’aise ces derniers jours avec les médias, devrait à nouveau briller.

La présence à ses côtés de son épouse Michelle dont le charisme et le charme ont, tout au long du sommet du G20 de Londres, occupé le devant de la scène médiatique, a contribué à l’aura de cette rencontre strasbourgeoise. Car Michelle, autant que Barack, est la vedette de cette tournée américaine. Jusqu’à provoquer, dans les colonnes de la presse britannique contaminée par l’Obama-mania, une amicale controverse sur la brève étreinte, à Buckingham Palace, entre la première dame des Etats-Unis et la reine Elizabeth II. Qu’importe le protocole royal, qui interdit à quiconque de toucher la monarque sous peine d’être passible de haute trahison: en donnant une accolade affectueuse à la reine, «Michelle» avait, ce matin, gagné le cœur du Royaume-Uni.