Le midterm de 1962, une formalité pour Kennedy
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Lors des élections de mi-mandat, les démocrates américains n’avaient perdu que deux sièges en tout
« Les élections qui se déroulent mardi aux Etats-Unis doivent renouveler la totalité de la Chambre des représentants (qui comptera 456 sièges au lieu de 437 par suite d’un nouveau découpage) et le tiers du Sénat, 39 mandats (dont 21 démocrates et 18 républicains). En outre, 35 gouverneurs sur 50 devront affronter le verdict populaire.
L’expérience a montré que ces midterm elections, ces élections intermédiaires, qui ont lieu au milieu de la législature présidentielle, ne sont pas favorables au parti qui détient le pouvoir. Ce n’est qu’en 1934 que Roosevelt, porté par l’élan du New Deal, obtint un succès. Mais en règle générale, le président voit diminuer le nombre de ses partisans dans les conseils législatifs.
Actuellement, la Chambre des représentants comprend 263 démocrates et 174 républicains, cependant qu’au Sénat, on compte 64 démocrates et 36 républicains. Il est exclu que la majorité change de camp, d’autant plus que la fermeté montrée par John Kennedy dans le conflit de Cuba a ôté aux républicains, dont le général Eisenhower s’était fait l’interprète, un de leurs principaux atouts de propagande. L’opposition, après l’esprit de résolution manifesté par la Maison-Blanche, ne peut plus accuser de mollesse l’équipe qui est au pouvoir. Le peuple américain, exaspéré par l’attitude provocatrice de Castro, est satisfait de voir que les Soviétiques ont dû reprendre les armes qu’ils avaient imprudemment données à leur protégé.
Ce sentiment de soulagement profitera aux démocrates, et l’on ne s’attend pas à de grands changements dans la composition du parlement. Mais même une perte légère serait désagréable au président Kennedy, car à maintes reprises les démocrates du Sud, votant avec les républicains, ont rejeté des projets auxquels il accordait une importance particulière. Ce fut le cas de la loi instituant une assurance maladie pour les personnes âgées. Dans le domaine social, le Congrès n’approuve pas les idées avancées du président.
Il faut d’ailleurs se rappeler que John Kennedy n’a été élu que de justesse, par une majorité dépassant légèrement cent mille voix sur plus de 68 millions d’électeurs. C’est pourquoi le scrutin de mardi sera analysé minutieusement car, dans deux ans, aura lieu l’élection présidentielle. […]
La lutte que mène en Californie un […] candidat républicain, M. Richard Nixon, est […] difficile. […] Il joue la dernière chance de sa vie. S’il est battu, il se retirera de la vie publique, mais s’il triomphe, il est certain que ses partisans tâcheront de l’opposer à M. Kennedy en 1964. »