Migrants: la Grèce admet «retards et défaillances» mais renvoie la balle à l'UE
Union européenne
Le ministre grec à la politique migratoire Iannis Mouzalas a demandé l'activation du mécanisme européen de protection civile, pour mieux prendre en charge les arrivants

Mise sous pression par l'UE pour mieux encadrer les flux migratoires, la Grèce a admis jeudi certains «retards et défaillances», mais dénoncé aussi des lenteurs européennes à assurer les concours promis à Athènes.
Lors d'une conférence de presse, le ministre à la politique migratoire Iannis Mouzalas a annoncé que la Grèce demandait l'activation du mécanisme européen de protection civile, pour mieux prendre en charge les arrivants.
Des progrès à réaliser
«Nous espérons que nos partenaires feront des offres généreuses au vu du climat de grogne actuel» contre le pays, a-t-il ajouté : Athènes a demandé des «ambulances, camions, carburants, conteneurs, tentes et couvertures», et «surtout du personnel pour encadrer les hotspots et les camps d'accueil».
La Grèce avait démenti mercredi des informations du Financial Times selon lequel l'UE envisage de l'exclure de l'espace Schengen pour sa mauvaise gestion des flux de réfugiés, mais le pays n'en est pas moins sommé par l'UE de réaliser des progrès d'ici au sommet européen du 17 décembre.
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Iannis Mouzalas a imputé ce débat aux critiques de pays comme «la Hongrie», ou de pans d'opinion publique «dans d'autres pays comme l'Allemagne», estimant qu'il se fonde pour l'essentiel «sur des mensonges et des contre-vérités».
Retards dans la mise en place de hotspots
Il a toutefois reconnu des «retards et défaillances» côté grec, notamment pour la mise en place des hotspots (centres d'identification et d'enregistrement) promis par le pays, initialement avant décembre, sur cinq îles égéennes. «Même si le travail avait été mieux coordonné, nous n'aurions gagné qu'une quinzaine de jours», a-t-il toutefois avancé.
Le ministre a mis en cause l'absence de réponse européenne à des demandes grecques, notamment sur «un renfort de 1 600 policiers». Il a également reproché aux partenaires du pays de n'avoir offert jusque là que 295 places de relocalisation, sur les 66 400 prévues sur deux ans pour les réfugiés syriens, irakiens et érythréens.
C'est insuffisant pour convaincre les migrants d'accepter cette procédure plutôt que de poursuivre la route vers l'Europe occidentale par leurs propres moyens, a-t-il souligné. Le ministre a promis «une solution sous une dizaine de jours» à la frontière avec la Macédoine, où des milliers de migrants sont bloqués par le filtrage par nationalités mis en place par Skopje et où la tension est montée jeudi après la mort d'un migrant par électrocution.
Une mission pour «identifier et enregistrer» les migrants
La Grèce attend que Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, déploie à ce point de départ de la route des Balkans une mission pour «identifier et enregistrer» les migrants. Frontex a annoncé depuis Varsovie que ce déploiement commencera «la semaine prochaine», précisant avoir déjà déployé 195 officiers sur les îles grecques sur un total de 600 prévus à terme.
Iannis Mouzalas a confirmé qu'Athènes avait refusé un projet de l'Agence de «garder» cette frontière avec «des patrouilles communes» mêlant garde-frontières européens et des deux pays. «Nous avons exprimé notre mécontentement que Frontex veuille ainsi outrepasser son mandat», a-t-il affirmé.
Il a aussi noté qu'il n'était pas si simple de renvoyer les migrants non réfugiés vers leur pays d'origine. Ainsi le Pakistan a refusé 30 des 49 migrants expulsés par avion d'Athènes mercredi dans une opération européenne conjointe, jugeant leur identité mal établie. «Si l'UE ne peut pas faire pression sur le Pakistan ou la Turquie, comment la Grèce le pourrait-elle?», a conclu Iannis Mouzalas.