Des milliers de manifestants contre les mesures anti-covid défilent à Lucerne et Genève: les nouvelles du 31 juillet
pandémie
Différentes manifestations ont rassemblé samedi des milliers de militants anti-mesures sanitaires en Suisse et en France. Par ailleurs, l’épidémiologiste Michel Salathé s’inquiète dans la presse du fait que les gens n’osent plus tenir une conversation contradictoire sur le thème de la vaccination. Notre suivi sur le front du virus

L’essentiel
Ce samedi est notamment marqué par des manifestations des opposants aux restrictions sanitaires, en Suisse (où elles se mêlent aux festivités du 1er août) ainsi qu’en France.
Ailleurs dans le monde, la progression du variant Delta continue d’inquiéter, particulièrement en Chine.
Retrouvez notre suivi de la journée du 30 juillet
■ Des milliers de manifestants contre les mesures à Lucerne…
Une manifestation contre les restrictions liées au coronavirus et la campagne de vaccination a rassemblé plus de 4000 personnes samedi à Lucerne. Un policier a été agressé et blessé.
La manifestation à Lucerne était organisée par l'«Aktionsbündnis Urkantone für eine vernünftige Corona-Politik», qui a participé au référendum contre la loi Covid 19. Les détracteurs de la politique contre le coronavirus ne veulent plus être tenus en tutelle sous prétexte de pandémie, ont-ils fait savoir.
Les organisateurs ont parlé de 4000 participants, la police a évalué leur nombre entre 4500 et 5000. Deux personnes s’en sont pris à un policier, qui a été blessé et hospitalisé. Deux personnes ont été temporairement arrêtées.
Parallèlement, une centaine de personnes se sont réunies de l’autre côté du lac pour une contre-manifestation. Le rassemblement de l’organisation de gauche «Bündnis Bund Luzern» a protesté «contre l’agitation de droite et les théories de conspiration». Les partisans accusent les détracteurs des mesures anti-Covid de tolérer des néonazis dans leurs rangs. La ville avait autorisé les deux manifestations.
■… et à Genève
A Genève, près de 800 personnes ont manifesté samedi après-midi contre les restrictions liées au coronavirus, selon une estimation de la police. «Liberté, liberté!», ont scandé les manifestants en fustigeant au passage le pass sanitaire obligatoire dans plusieurs pays européens.
«Nous ne sommes pas un peuple d’endormis», a déclaré devant la foule rassemblée sur la Place de la Navigation Chloé Frammery, figure de proue genevoise des coronasceptiques. Très applaudie, elle a critiqué la préférence faite envers les personnes vaccinées, ce qui mène «à la discrimination».
«Non à la dictature sanitaire» ou encore «Non au pass nazitaire», pouvait-on lire sur les différentes pancartes. Un orateur a aussi mis en garde contre les millions de doses de vaccins injectées alors «qu’il est en phase expérimentale». Les manifestants ont revendiqué le droit de ne pas être vacciné.
■ Manifestations également en France
Des manifestations ont rassemblé à nouveau samedi des dizaines de milliers d’opposants à l’extension du pass sanitaire dans de nombreuses villes de France, au nom de la «liberté», pour le troisième week-end consécutif.
A la veille de cette mobilisation, les autorités s’attendaient à voir 150 000 personnes défiler. Samedi dernier, les manifestations avaient rassemblé 161 000 personnes et 110 000 une semaine plus tôt. A Paris, une première manifestation de plusieurs milliers de personnes a été émaillée de heurts avec les forces de l’ordre.
Plus de 3000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour encadrer les défilés, une semaine après que des manifestants ont envahi l’avenue des Champs-Elysées, dont les accès étaient bloqués samedi.
Avant que le cortège s’élance, le «gilet jaune» Jérôme Rodrigues a fustigé «les membres du gouvernement, les membres des médias qui sont là pour vous vendre l’efficacité d’un vaccin sans même avoir aucune preuve», disant se sentir «diabolisé».
En métropole, l’épidémie flambe notamment dans les départements touristiques et des mesures sanitaires ont été introduites à l’échelle départementale. Les personnes non vaccinées contre le Covid-19 représentent environ 85% des malades hospitalisés en France, y compris en réanimation, et 78% des décès dus au virus, selon une étude publiée vendredi.
■ Les tests de masse pourraient être retardés dans les écoles
Les tests de masse dans les écoles après les vacances d’été et dans les entreprises pourraient être retardés en raison d’un manque de matériel. Début juillet, des kits de tests ont été remplacés en raison d’une charge en germes trop élevée dans certains cas. Les nouvelles livraisons ont pris du retard.
Les problèmes de livraison de la société Disposan ont été rapportés samedi par Blick.ch. Contacté par Keystone-ATS, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) parle d’un agenda défavorable. L’office est en contact étroit avec l’entreprise et les cantons et sera tenu informé de l’avancement de la résolution du problème.
Selon Blick, Disposan a envoyé des dizaines de milliers de kits de remplacement aux cantons ces derniers jours. Ceux-ci ont toutefois dû être à nouveau renvoyés en raison d’un contrôle de Swissmedic en cours.
■ Un climat social préoccupant
Les conséquences sociales de la pandémie de Covid-19 sont inquiétantes, s’alarme l’épidémiologiste Marcel Salathé samedi dans une interview aux journaux alémaniques de TX Group. Les gens n’osent presque plus tenir une conversation contradictoire sur la vaccination, remarque-t-il.
Des amitiés se brisent, des familles se disputent et le climat devient de plus en plus toxique en politique, ajoute l’ancien membre de la task force scientifique Covid-19 de la Confédération. Cette situation est, selon lui, extrêmement dangereuse, car de telles tendances ne disparaîtront pas de sitôt. Il dit avoir vécu une telle polarisation de la société aux Etats-Unis. «C’est probablement dû aussi au fait que de nombreuses discussions ont lieu virtuellement.»
Le professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) préconise une stratégie d’ouverture plus offensive en Suisse. «Nous ne pouvons pas rester dans cet état pour toujours.» Maintenant que le vaccin est disponible pour presque tout le monde et qu’il est très efficace, les restrictions ne sont plus proportionnées, poursuit-il.
■ Fin du confinement au Rwanda
Le Rwanda a annoncé la levée du confinement de la capitale Kigali et de huit autres districts jusqu’à mi-août, bien que les cas de Covid-19 continuent d’augmenter dans le pays. Les nouvelles mesures s’appliqueront du 1er au 15 août, a indiqué le gouvernement dans un communiqué à l’issue d’une réunion présidée par le président Paul Kagame vendredi.
Les déplacements entre Kigali et les autres provinces et districts du pays peuvent reprendre, mais le couvre-feu nocturne reste en vigueur de 18H00 à 04H00 (16H00 à 02H00 GMT).
Les rassemblements sociaux sont toujours interdits et les écoles et les églises restent fermées, mais les mariages sont autorisés dans la limite de 10 invités. Aucune explication immédiate n’a été donnée quant à la levée du confinement, qui avait été imposé à la mi-juillet.
■ Combats de coqs interdits en Polynésie
Le haut-commissaire et le président de la Polynésie française ont annoncé le retour des restrictions pour endiguer la reprise de l’épidémie de Covid dans ce territoire, liée au variant Delta, lors d’une allocution commune, vendredi soir à Papeete (samedi matin en Suisse).
«Le taux d’incidence en Polynésie française est passé en deux semaines de 6 pour 100 000 habitants à 267 pour 100 000», a déclaré le haut-commissaire Dominique Sorain, plus haut représentant de l’Etat français dans cet archipel du Pacifique sud.
Les rassemblements publics sont désormais limités à 20 personnes et aucun événement rassemblant plus de 500 personnes n’est plus permis. Les mariages et anniversaires sont interdits dans les établissements publics, tout comme les concerts, expositions, brocantes et fêtes foraines. Très prisés en Polynésie, les bingos et combats de coqs sont aussi prohibés.
Les discothèques et salles de bals sont fermées. Les compétitions sportives peuvent se tenir, mais à huis clos. Les veillées funéraires ne pourront accueillir que 15 personnes et les lieux de culte la moitié de leur capacité d’accueil. Ces mesures entrent en vigueur samedi et pour un mois.
■ Foyers épidémiques en Chine
Deux nouveaux territoires en Chine, incluant une ville de 31 millions d’habitants, présentent des foyers épidémiques à l’occasion de la résurgence la plus importante du Covid-19 depuis des mois dans le pays, ont annoncé les autorités sanitaires samedi.
Des cas de contaminations ont été répertoriés dans la province de Fujian et dans la municipalité de Chongqing, des territoires s’ajoutant aux quatre provinces et à la capitale, Pékin, où des infections au variant Delta avaient déjà été signalées.
Les autorités de Nankin (est) ont ordonné à toutes les attractions touristiques et lieux culturels de ne pas ouvrir samedi, en raison de l’augmentation des transmissions nationales.
■ Manifestations anti-mesures sanitaires
La mobilisation contre l’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour certaines professions ne devrait pas faiblir samedi en France, après avoir rassemblé 161 000 personnes la semaine dernière et 110 000 une semaine plus tôt.
Selon les sondages, une très large majorité de Français reste toutefois favorable à la mise en place du pass sanitaire pour entrer dans les lieux publics.
«La vaccination est absolument indispensable», a encore martelé vendredi le Premier ministre français Jean Castex, au moment où deux territoires français d’outre-mer, la Martinique et la Réunion, s’apprêtent à un reconfinement face à la hausse fulgurante des cas de Covid-19.