CRASH
Quinze mois après le crash du vol MH17 dans l’est de l’Ukraine, les enquêteurs néerlandais publient aujourd'hui leurs conclusions. Selon les premiers éléments de la conférence de presse qui a lieu en ce moment, le missile a percuté le cockpit du vol MH17 sur la gauche. Un quotidien néerlandais a révélé que l’avion avait été touché par un missile BUK tiré depuis la zone contrôlée par les rebelles pro-russes

Les autorités néerlandaises révèlent en ce moment même les conclusions de l’enquête durant une conférence de presse. Le rapport évoque notamment l’Ukraine qui aurait dû fermer l’espace aérien au-dessus de la zone de conflit.
«Nous avons conclu qu’il y avait suffisamment de raisons, pour les autorités ukrainiennes, de fermer par précaution l’espace aérien au-dessus de la partie est du pays", a déclaré le directeur du Bureau d’enquête néerlandais pour la sécurité (OVV), Tjibbe Joustra.
Les enquêteurs internationaux ont conclu que le vol MH17 de la Malaysia Airlines a été abattu par un missile sol-air de type BUK tiré d’une zone de l’est de l’Ukraine contrôlée par les rebelles pro-russes.
Le rapport d’enquête des autorités néerlandaises (en anglais, en PDF)
Le rapport contient des cartes montrant plusieurs endroits d’où le missile a pu être tiré, tous situés dans une zone contrôlée par les rebelles. Le rapport doit déterminer les causes du crash, mais pas qui a «appuyé sur la gâchette", un élément qui relève de l’enquête pénale.
Les conclusions de l’enquête pourraient exacerber les tensions entre Moscou et l’occident. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a lui évoqué aujourd’hui une opération planifiée des services secrets russes.
Ce qui s’est passé le 17 juillet 2014
Un Boeing 777 de la Malaysia Airlines est abattu en vol alors qu’il se trouvait au-dessus d’un territoire contrôlé par les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine. Le vol MH17, qui avait décollé de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol vers 12h30 et devait rejoindre Kuala Lumpur, volait alors à 33 000 pieds, soit environ 10 km. Les 15 membres d’équipage et les 283 passagers, dont 193 Néerlandais, sont décédés.
Lire aussi: Les pistes sur les responsabilités du crash du MH17
Dans un premier rapport, les enquêteurs du Bureau néerlandais pour la sécurité ont estimé que le Boeing avait été perforé en vol par des «projectiles à haute énergie», sans aller jusqu’à confirmer la théorie du missile. Le Parquet néerlandais, qui coordonne l’enquête pénale, avait affirmé en août avoir identifié des éléments appartenant «peut-être» à un missile sol-air de type BUK mais ne peut alors conclure à «un lien de causalité».
La version de l’Ukraine et des Etats-Unis contre celle des Russes
L’Ukraine et les Etats-Unis affirment que l’appareil a été abattu par les séparatistes pro-russes grâce à un missile sol-air de type BUK fourni par la Russie. «Il est clair qu’il s’agit d’un système qui a été transmis aux mains des séparatistes depuis la Russie», avait alors affirmé le secrétaire d’Etat américain John Kerry. Selon M. Felstead, l’éditeur du magazine spécialisé Jane’s Defence Weekly, la destruction du vol MH17 était «une erreur»: les opérateurs du système pensaient «avoir pris pour cible un avion militaire dans la région mais il s’est révélé qu’il s’agissait d’un avion de ligne».
Les armées de Kiev et de Moscou disposent toutes deux du système de missiles sol-air BUK. Développé au sein de l’Union soviétique, le système antiaérien russe BUK, qui requiert d’être manipulé par des spécialistes très entraînés, permet de toucher des cibles mouvantes jusqu’à plus de quarante kilomètres et jusqu’à 25 kilomètres d’altitude.
Moscou rejette ces accusations et pointe du doigt les forces ukrainiennes. Le fabricant russe assure que l’appareil a été abattu par un missile BUK tiré par l’armée ukrainienne. Mais selon le site de journalisme citoyen Bellingcat, qui a enquêté sur le crash sur la base de documents publics, dont les réseaux sociaux, le système de BUK faisait partie d’un convoi ayant traversé la frontière un mois avant le crash depuis la ville russe de Koursk.
Qu’attendre du rapport publié aujourd’hui?
Quinze mois après le crash, les enquêteurs néerlandais doivent publier aujourd’hui leur rapport final, qui pourrait exacerber les tensions entre l’Occident et Moscou.
«Nous nous attendons à ce que le rapport confirme ce que nous avons assumé être une erreur russe», a affirmé Peter Felstead. Les opérateurs du système pensaient «avoir pris pour cible un avion militaire dans la région mais il s’est révélé qu’il s’agissait d’un avion de ligne». Moscou rejette ces accusations et pointe du doigt les forces ukrainiennes.
Des responsables seront-ils désignés?
Non. Le rapport ne désignera aucun responsable, assurant qu’il s’agit de la tâche de l’enquête pénale menée par une équipe internationale d’experts, sous la coordination du parquet néerlandais. Il abordera la cause du crash, à savoir si un missile sol-air a été utilisé et, si oui, de quel type, la longue attente des familles avant de recevoir une confirmation du décès de leurs proches et le survol de zones de conflit par les lignes commerciales. Les enquêteurs néerlandais évoqueront également une question qui hante les familles: leurs proches étaient-ils conscients qu’ils allaient mourir?
Le fabricant des missiles se défend
Avant même la présentation des résultats de l’enquête, le constructeur russe des systèmes BUK a contesté les conclusions de l’enquête internationale.
Après avoir fait exploser un missile BUK près d’un avion qui n’est plus en exploitation, le fabricant russe a conclu que son «expérience en conditions réelles démentait complètement la version des Néerlandais à propos du type de missile utilisé et de l’endroit depuis lequel il a été tiré», a annoncé mardi lors d’une conférence de presse Ian Novikov, le PDG de Almaz-Anteï, le constructeur des missiles BUK.