Dès le premier jour de la conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire à New York s’est engagé un bras de fer entre les Etats-Unis et l’Iran. Propos violents et visions du monde que sépare un abîme.
L’Iran s’en est violemment pris aux Etats-Unis lundi à l’ONU, les accusant de menacer le monde de leurs armes nucléaires. Mais il s’est aussi attiré une vive réplique américaine par la voix de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et le boycott de nombreuses délégations. Au premier jour de la conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui doit durer un mois, M. Ahmadinejad a nié «que son pays développe actuellement des armes nucléaires, avant d’ajouter que l’administration Obama doit encore prouver le contraire», précise le portail canadien Cyberpresse.
Un «Krach», résume le Bild, voulu par cet homme qui se prend pour un «sauveur», selon le Times de Londres. Ou le «metteur en scène», compare Il Giornale, d’un «pur théâtre» appuyé sur «des références pieuses», dit l’éditorialiste de la BBC. «Sa mission est la provocation»: qualifiés de «propos énergiques» par Die Welt, de tels arguments en faveur d’un monde sans armes nucléaires, commente Le Point, ont, «dans le passé, trouvé un écho favorable auprès de pays en développement qui constituent la majorité des signataires du TNP».
En bref, comme l’analyse Le Monde, «plus la menace d’une nouvelle résolution de l’ONU comportant des sanctions contre son pays est évoquée par les Occidentaux, plus le régime iranien se tourne vers le Sud et les «non-alignés» pour chercher des appuis». Surtout contre son voisin, Israël, qui ne lâchera pas de sitôt son arsenal nucléaire, prévient le Washington Post. Mais en adoptant une telle attitude, «il a perdu une belle occasion de freiner le mouvement vers ces sanctions», selon La Voz de Galicia.
Pour Libération, «Ahmadinejad vocifère dans le vide», même si un article d’opinion du Wall Street Journa l le qualifie d’«honnête», en faisant de lui «la seule personne sérieuse à l’ONU», dont il faut comprendre le discours ainsi: «L’Iran veut la bombe pour devenir un Etat plus puissant au Moyen-Orient, qui peut agir comme il l’entend sans avoir à se soucier de l’opposition des plus grandes nations du monde.»
Le Figaro ajoute que ces déclarations n’ont évidemment «pas manqué d’irriter au plus haut point la Maison-Blanche, qui les a qualifiées de «prévisibles» et d’«insensées», alors que la délégation américaine quittait la salle de conférence de l’ONU. Les Etats-Unis cherchent à isoler l’Iran et à convaincre la Russie et surtout la Chine d’accepter une nouvelle batterie de sanctions encore plus sévères au Conseil de sécurité». De quoi placer le monde entier «entre espoirs et incertitudes», explique de manière lumineuse Barthélémy Courmont, professeur invité à l’Université du Québec à Montréal qui s’exprime dans Le Devoir.
La tactique? Utiliser «la fièvre et non la lumière», selon les mots du Toronto Star. L’Iran «prend en otage» le TNP, pour la Tribune de Genève: «Arroser l’arroseur. Telle est la stratégie de la République islamique.» Ahmadinejad «utilise la conférence de New York pour se livrer à une agression contre les Etats-Unis», pense aussi la Süddeutsche Zeitung. En dénonçant la «duplicité morale» des Occidentaux, selon l’expression de l’agence russe RIA Novosti, et en prétendant que ce sont bien les Etats-Unis – et non l’Iran – qui représentent «une menace pour la paix mondiale», écrit l’ Independent. «Des accusations sauvages», conclut la Voice of America, dans la foulée de la Maison-Blanche.