Mitt Romney écrase la primaire de Floride
Primaires Républicaines
Mitt Romney écrase la primaire de Floride et s’impose à nouveau comme le candidat inévitable
«Il y a encore 46 Etats.» Newt Gingrich n’est pas près d’abandonner et promet de faire durer le combat jusqu’à la Convention républicaine de la fin août. Mardi pourtant, lors de la primaire de Floride, l’ancien président de la Chambre des représentants, 68 ans, a subi un cuisant échec. Mitt Romney a facilement remporté le scrutin par 46% des voix contre 32% pour son principal rival Gingrich. Le chrétien ultraconservateur Rick Santorum arrive troisième avec 13% des votes et le libertarien Ron Paul termine dernier avec 7%.
A Tampa, comme s’il était à nouveau le candidat inévitable pour l’investiture républicaine, Mitt Romney a appelé à l’unité du Parti républicain. Une manière de panser les plaies ouvertes créées par la guérilla à laquelle se sont livrés Romney et Gingrich par publicités télévisées interposées. Il s’est aussi référé à l’un des pères fondateurs de l’Amérique, Thomas Paine pour déjà défier le président Barack Obama: «Dirigez, suivez ou allez-vous-en. Monsieur le président, vous avez été élu pour diriger. Vous avez choisi d’être un suiveur et maintenant il est temps de vous en aller.» Par cette écrasante victoire, le républicain fait oublier son humiliante défaite de Caroline du Sud dix jours plus tôt et prend nettement l’ascendant psychologique sur ses adversaires.
Au bureau électoral de Coconut Grove, dans le comté de Miami-Dade, Rafael Nodarsi, pédiatre à la retraite de 84 ans, d’origine cubaine, a voté pour Mitt Romney: «Je pense que c’est le meilleur candidat pour battre Barack Obama en novembre. C’est un homme riche, un homme d’affaires. Ce n’est pas un politicien. C’est lui qui est le mieux armé pour redresser l’économie.» L’argument est sensible dans l’un des Etats les plus touchés par la crise des subprime. L’explosion de la bulle immobilière a provoqué des milliers de saisies de maisons et a contribué à détériorer le taux de chômage (9,9%) qui reste encore bien supérieur au taux national (8,5%). Parmi les 4 millions d’électeurs républicains inscrits, près des deux tiers jugent les questions économiques prioritaires.
L’ex-gouverneur du Massachusetts remporte une victoire majeure. Après les doutes au sujet de sa candidature au sein de la frange conservatrice du Parti républicain après sa défaite en Iowa et en Caroline du Sud, Mitt Romney a réussi à relancer sa campagne électorale. Il gagne la primaire d’un Etat qui se distingue par une extraordinaire diversité. Au nord, près de Jacksonville, la communauté afro-américaine est très présente. Le nord-est est conservateur et proche du Tea Party. Le vote hispanique en Floride joue un rôle essentiel comme celui des retraités et des Juifs. En un sens, la Floride est un concentré de plusieurs Amériques, mais elle recense aussi un électorat si hétérogène qu’il est difficile de le comparer à celui d’un autre Etat. Dans la perspective de la présidentielle 2012, le succès du patricien de Boston est important. La Floride est un Etat crucial toujours très disputé entre républicains et démocrates. L’élection de novembre 2000 fut à cet égard emblématique. La bataille entre Al Gore et George W. Bush étant si serré qu’un recomptage des voix fut nécessaire. C’est finalement la Cour suprême des Etats-Unis qui trancha au profit du républicain.
La victoire de l’ex-patron de Bain Capital résulte de plusieurs facteurs. Mitt Romney a largement gagné les faveurs des hispaniques en remportant 54% de leur vote contre 29% pour Newt Gingrich. Il a aussi réussi à séduire le Tea Party dont les caractéristiques divergent toutefois de celles du Tea Party de Caroline du Sud. Il a aussi été le candidat des Américains d’origine cubaine. Son succès doit cependant aussi beaucoup aux millions qu’il a investis dans les publicités négatives qui ont inondé les télévisions et radios de Floride.
Ces derniers jours, fort de sondages favorables, Mitt Romney a fait montre d’une étonnante assurance. Il s’est ainsi permis, lors d’un meeting électoral, de chanter le chant patriotique «American Beautiful», quitte à fâcher les mélomanes du pays. Interviewée à ce sujet par Jay Leno dans son show télévisé, la First Lady Michelle Obama est restée diplomate: «C’est un chant que tout Américain doit pouvoir chanter.»
Quant à Newt Gingrich, il est apparu comme un candidat aigri, qui a refusé de féliciter son rival Romney pour sa victoire de Floride. Il a même déclaré à son public que ce n’était pas en chantant que les républicains allaient battre Barack Obama, allusion à la prestation de Mitt Romney. L’ex-président de la Chambre des représentants, pourtant bon débatteur, a peu convaincu les républicains de Floride lors des derniers débats télévisés, accusant le coup après les attaques musclées de Mitt Romney. Sa volonté d’installer une «colonie» sur la Lune pour relancer le programme spatial au moment où l’économie est à la peine a mal passé auprès de l’électorat. Soutenu à hauteur de 10 millions de dollars par le milliardaire Sheldon Adelson et son épouse, mais aussi par l’ex-égérie du Tea Party Sarah Palin et l’ex-candidat à l’investiture Hermann Caïn, Newt Gingrich compte sur le Super-Tuesday au début mars pour reprendre pied dans la campagne à l’investiture. Un vrai défi.