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Le conflit mettant aux prises le pouvoir et l’opposition en Moldavie a tourné à la crise diplomatique. Le président communiste Vladimir Voronine accuse la Roumanie voisine d’encourager les émeutiers qui protestent contre la victoire des communistes aux législatives de dimanche. Le chef de l’état nexclut pas de recourir à la violence
Le conflit mettant aux prises le pouvoir et l’opposition en Moldavie a tourné à la crise diplomatique mercredi. Alors qu’un recours à la force est envisagé, le président Vladimir Voronine a accusé la Roumanie d’être derrière la flambée de violences qui ont embrasé la capitale.
«La Roumanie est impliquée dans tout ce qui se passe chez nous», a affirmé M. Voronine, ce que Bucarest a aussitôt démenti, dénonçant «une provocation envers l’Etat roumain». L’ambassadeur de Roumanie à Chisinau, Filip Teodorescu, a été sommé de quitter le pays dans les 24 heures alors que l’ambassadeur moldave à Bucarest était rappelé à Chisinau pour «consultations».
Le gouvernement moldave a approuvé dans la foulée l’introduction d’un régime de visas avec la Roumanie, devenue membre de l’UE en 2007. Haussant le ton, le président moldave a aussi menacé de prendre des «mesures appropriées» contre les manifestants qu’il avait qualifiés la veille de «fascistes ivres de colère».
«J’ai fait en sorte d’éviter toute effusion de sang dans des situations comparables dans les années 1989 et 1991, quand j’étais ministre de l’Intérieur», a déclaré le chef de l’Etat de cette ex- république soviétique de 4,3 millions d’habitants. «Hier, j’étais à la limite (de recourir à la force). Si ça se répète, des mesures appropriées pourront être prises», a-t-il ajouté.
Sourds à ces menaces, un millier de personnes, très jeunes, ont continué à manifester mecredi dans le centre de Chisinau pour une troisième journée de protestations après la victoire écrasante des communistes dimanche aux élections législatives. «A bas les communistes», «Non à la violence», scandaient-ils.
En fin d’après-midi, certains d’entre eux ont tenté en vain de forcer le cordon de police déployé autour du siège du gouvernement, dans un climat tendu. «Les communistes ont falsifié les résultats. Nous devons continuer à manifester mais ne pas céder aux provocations», a déclaré Anatoli Petriencu, leader du Mouvement pour l’Europe.
La commission électorale centrale a reporté l’annonce des résultats officiels, prévue mercredi, son président ayant été hospitalisé pour «stress», a indiqué Iouri Ciocan, responsable de la commission. Celle-ci a jusqu’à vendredi pour le faire.
Selon les derniers résultats préliminaires postés sur le site officiel consacré aux élections «alegeri.md», le Parti communiste obtient 49,9% des voix et non plus 49,98% comme indiqué lundi, soit 60 et non 61 des 101 sièges de l’assemblée. Si ces nouveaux chiffres se confirment, cela pourrait théoriquement permettre à l’opposition de bloquer l’élection d’un nouveau chef de l’Etat au parlement, pour laquelle 61 voix sont nécessaires.
Mardi, de jeunes manifestants avaient mis à sac le parlement, jetant meubles et ordinateurs par les fenêtres. Ils avaient également occupé la présidence avant que les forces de l’ordre ne reprennent le contrôle de la capitale dans la nuit.
Les difficultés sociales de ce pays, le plus pauvre d’Europe, dont un quart de la population est partie travailler en Europe de l’Ouest ou en Russie, et le manque de perspectives claires pour la jeunesse semblent être le principal catalyseur de ces émeutes.
La Russie, toujours inquiète des débordements post-électoraux dans l’ancien bloc soviétique, a de son côté estimé que toute remise en cause des résultats serait «sans fondement». L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a également jugé le scrutin «conforme à de nombreuses normes et obligations internationales».