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Le monde arabe ne veut cautionner aucun compromis sur Jérusalem

Les pays arabes sortent de leur réserve alors que les négociations de Camp David «continuent de manière constructive», selon les Américains

Les capitales arabes, jusqu'ici discrètes sur les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens à Camp David, se mettent désormais à «exercer» des pressions sur les négociateurs. Au Caire, à Riyad ou à Damas, les populations appellent le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, à quitter la table des négociations. Des groupements radicaux vont jusqu'à le mettre en garde contre toute concession sur Jérusalem-Est, cette partie annexée par Israël lors de la guerre de Six-Jours en 1967. C'est le secrétaire général de la Ligue arabe, Ismet Abdelmajid, qui ouvre les feux en affirmant que Jérusalem n'est pas une affaire exclusivement palestinienne.

Lors d'une visite inopinée à Taëf en Arabie saoudite, le président égyptien Hosni Moubarak a rencontré le roi Fahd. Dans une déclaration commune, les deux dirigeants ont affirmé leur «soutien absolu» aux revendications palestiniennes. Le journal gouvernemental égyptien Al-Ahram, qui fait état de cette visite, écrit que «les deux parties soutiennent la volonté des Palestiniens de recouvrer leur souveraineté totale sur Jérusalem-Est, sa Vieille-Ville qui regroupe la mosquée d'Al-Aqsa, la mosquée d'Omar et l'église de la nativité». Le journal écrit aussi que «l'histoire condamnerait toute personne qui signerait un accord abandonnant les droits des Arabes sur Jérusalem». Un autre journal gouvernemental égyptien, Al-Gomhourya, a rendu publique une lettre que Yasser Arafat aurait écrite à Hosni Moubarak. Selon l'AFP qui reprend l'information, le dirigeant palestinien a demandé l'appui de l'Egypte face à «l'intransigeance israélienne».

De leur côté, les autorités saoudiennes ont insisté lundi sur la nécessité pour les Arabes de recouvrer tous leurs droits sur Jérusalem. Le Conseil des ministres a souligné «la nécessité d'une paix juste et globale, conformément à la légitimité internationale».

Un responsable du mouvement islamiste Hamas a pour sa part choisi la capitale syrienne pour déclarer s'opposer à tout accord israélo-palestinien qui «braderait» Jérusalem. «La Syrie et le Hamas rejettent tout accord qui ignorerait les droits du peuple palestinien sur ses terres, sur Jérusalem ainsi que le droit au retour des réfugiés.» La semaine dernière déjà, le guide spirituel de Hamas, Ahmed Yassine, avait appelé les Palestiniens à «quitter le sommet inutile de Camp David et à rejoindre les rangs de la résistance contre Israël».

Au Koweït, le quotidien al-Rai al-Am a publié lundi une lettre ouverte cosignée par quatre groupes islamistes de l'émirat: «Jérusalem est l'essence de la cause palestinienne. C'est un droit et une responsabilité pour tous les musulmans. Toute concession faite par Yasser Arafat ou d'autres dirigeants arabes aux Juifs sur n'importe quelle partie de la Palestine n'a aucune valeur légale.»

Par ailleurs, dans un appel aux pays arabes, le quotidien al-Khaleej des Emirats arabes unis leur demande d'entreprendre une action urgente, en convoquant de préférence un sommet, avec une seule question à l'ordre du jour: «Sauver Jérusalem des griffes de l'occupation israélienne». Le journal estime qu'il est indispensable pour les pays arabes de définir des «lignes rouges» que personne ne doit transgresser afin de soutenir les négociateurs palestiniens. Une stratégie que défend aussi le journal syrien Techrine, qui appelle à «une position arabe unifiée pour mettre fin au conflit israélo-arabe».