En attendant, des solutions d’hébergement d’urgences ont dû être trouvées avec l’installation de 150 lits de camp dans les coursives du stade olympique qui a abrité les Jeux en 1976.
Une situation critique
«Bienvenue au Québec». Une Haïtienne de la communauté montréalaise brandit sa pancarte, rapidement griffonnée, derrière les barrières empêchant l’accès aux réfugiés qui ont passé leur première nuit dans le stade. D’autres continuent à être acheminés depuis la frontière et les moyens sont déployés afin de les accueillir dans les meilleures conditions, selon Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Santé au Québec.
«Nous sommes en contrôle de la situation» avec un hébergement temporaire offert dans 10 établissements ou centres communautaires (YMCA, armée du salut, résidences universitaires), a-t-elle ajouté. La nécessité de libérer les logements étudiants à l’approche de la rentrée, a contraint les autorités à se rabattre sur le stade olympique. Dans cette enceinte sportive dotée de tous les équipements sanitaires, 600 places seront disponibles jusqu’au 19 septembre, a indiqué Mme. Charlebois.
«Nous regroupons les réfugiés pour de meilleurs services et faciliter la logistique», a-t-elle indiqué, mais aussi un soutien psychologique à ces migrants, souvent venus par famille entière avec de très jeunes enfants. Face à une situation critique, le Québec a demandé l’aide fédérale afin d’accélérer le traitement des demandes d’asile et de faciliter le passage «d’un hébergement temporaire à un logement permanent», a indiqué Kathleen Weil.
Demande de ressources supplémentaires
La ministre de la province francophone a adressé trois requêtes au gouvernement canadien. Une première priorité, selon elle, est d’opérer «un triage à la frontière pour que les personnes se destinant à une autre province canadienne soient rapidement dirigées vers leur destination». En parallèle, le gouvernement fédéral doit «déployer des ressources supplémentaires pour un traitement rapide des demandes d’asile» avec la délivrance d’un permis de travail. Enfin, le Québec souhaite un partage des données nécessaires à la fourniture des services publics aux réfugiés, comme l’accès à la santé.
La vague de réfugiés haïtiens vers le Canada est la conséquence de la perte prévue de leur Statut de protection temporaire (TPS) aux Etats-Unis. Ce TPS a été accordé à près de 60’000 Haïtiens après le séisme de 2010. Il a été prolongé ce printemps de six mois par l’administration Trump, et devrait donc se terminer en fin d’année.
Sur les six premiers mois de l’année, ce sont 6.500 réfugiés qui ont été accueillis au Québec, un chiffre qui va gonfler avec l’afflux des Haïtiens. Mais la gestion de ces volumes n’inquiète pas le gouvernement fédéral qui a accueilli plus de 40’000 réfugiés syriens depuis fin 2015.