Selon Ding Zilin, un professeur de Pékin dont le fils avait été tué par balle au cœur de la capitale, il se pourrait que les autorités fassent des concessions à l'approche de l'anniversaire du massacre pour garantir une «atmosphère harmonieuse». A la tête d'une association de familles de victimes (plus d'une centaine), elle se bat pour obtenir une indemnisation, une révision du jugement officiel et la poursuite pénale des responsables de l'époque. Chaque année, elle fait parvenir des pétitions au Parlement et aux plus hauts dirigeants. Elle n'a jamais eu de réponse.
Il y a deux ans, Ding Zilin et deux autres mères de victimes de la répression de Tiananmen avaient été brièvement arrêtée avant d'être relâchées de même que Jiang Yanyong, un célèbre médecin militaire qui qualifie les manifestants de patriotes et appelle à réviser le jugement officiel des événements de 1989.
La répression du «printemps de Pékin de 1989» avait concerné de nombreuses villes du pays où la révolte s'était propagée. Entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de personnes auraient été tuées, selon les organisations de défense des droits de l'homme. Une cinquantaine de manifestants condamnés à de très lourdes peines sont toujours en prison, selon une enquête d'Amnesty International datant de 2004. Mais le chiffre pourrait être bien supérieur.
Hu Jintao, le chef du PC chinois, a répété que l'intervention des chars était justifiée au nom de la «stabilité politique» et qu'il n'y avait aucune raison de réviser les faits. Les démocrates chinois estiment qu'une révision serait au contraire un signal pour une évolution du régime. L'annonce de cette indemnisation - si elle n'est pas à proprement parler une reconnaissance de culpabilité - apparaît néanmoins comme l'un des très rares signes positifs sur le plan des libertés alors que le régime se montre de plus en plus crispé face au mécontentement social et à l'expression d'opinions divergentes.