De nouvelles sanctions contre Téhéran ne peuvent être exclues si le blocage persiste sur le dossier du nucléaire iranien, a averti le président russe Dmitri Medvedev, dans une interview à l’hebdomadaire allemand Spiegel publiée samedi par le Kremlin. Le président russe a également confirmé que la Russie est disposée à aider à enrichir l’uranium iranien si Téhéran accepte le projet d’accord préparé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

«Si les dirigeants iraniens adoptent une attitude moins constructive, alors en théorie tout est possible,» déclare Dmitri Medvedev dans cette interview. «Je ne veux pas que tout cela se termine par l’adoption de sanctions internationales parce que les sanctions, en règle générale, conduisent dans une direction compliquée et dangereuse», a ajouté le président russe. «Mais s’il n’y a pas d’avancées, personne ne pourra exclure un tel scénario.»

La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, est considérée comme un acteur majeur dans la crise autour du programme nucléaire iranien, en raison de ses liens politiques et économiques avec Téhéran. Le projet d’accord de l’AIEA prévoit que l’Iran exporte la majorité de son uranium faiblement enrichi à des fins d’enrichissement supplémentaire en Russie et que la France assure ensuite sa transformation en combustible nucléaire. Ce projet a été approuvé par les Etats-Unis, la Russie et la France. Mais l’Iran veut d’autres négociations.

L’appel de fils de l’ex-chah

De son côté, le fils aîné de l’ex-chah d’Iran Reza Pahlavi, qui vit en exil aux Etats-Unis, a prôné samedi la désobéissance civile pour faire tomber le régime iranien. Il a estimé qu’une intervention militaire étrangère ne serait «jamais légitime».

«La fin du régime de l’apartheid en Afrique du Sud, des juntes militaires en Amérique du sud ou de l’ex-Union soviétique, tout est venu des peuples mêmes de ces nations», a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien britannique The Daily Telegraph.

«Rien de tout cela n’aurait pu se produire sans le soutien de l’étranger - mais ce n’est pas comme si une armée d’occupation intervenait pour changer le régime -, je ne vois pas comment cela pourrait jamais être légitime», a poursuivi Reza Pahlavi, qui a quitté l’Iran un an avant le départ de son père, le chah Mohammad Reza Pahlavi, pendant la révolution islamique en 1979. Selon lui, «le changement doit arriver en Iran par la désobéissance civile et la non-violence. (...) Nous ne pouvons avoir un changement à n’importe quel prix», estimant que «quoiqu’il se produise doit découler de la volonté du peuple».

«Les ingrédients pour un changement ont presque atteint le point d’ébullition, malgré les tentatives de représailles du régime», a estimé Reza Pahlavi. «La menace provenant de son propre peuple est le seul élément de pression qui comptera (pour le régime), en particulier sur le dossier nucléaire, beaucoup plus que les interminables discussions diplomatiques vouées à l’échec». Mais la communauté internationale a un rôle à jouer: si les manifestants «brandissent des pancartes en anglais dans les rues de Téhéran ce n’est pas pour perfectionner leur niveau linguistique, c’est évidemment destiné au monde extérieur», a-t-il ironisé.

Par ailleurs, la police iranienne a arrêté 109 personnes lors de la manifestation de l’opposition mercredi en marge d’un rassemblement pour le 30e anniversaire de la prise de l’ambassade américaine, a annoncé samedi l’agence Mehr citant le chef de la police de Téhéran. «62 ont été envoyées en prison et leur dossier transmis à la justice», a-t-il ajouté.

Les opposants Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, qui contestent la réélection de Mahmoud Ahmadinejad lors de la présidentielle de juin, avaient appelé leurs partisans à descendre dans les rues lors de ce rassemblement. Le régime iranien les avaient prévenus de ne pas tenter de détourner cette manifestation pour promouvoir leur cause.