Moscou se félicite de l’essor économique avec Pékin
Russie
AbonnéLe premier ministre Mikhaïl Michoustine est le plus haut dirigeant russe à se rendre à Pékin depuis l’agression de l’Ukraine. Les deux pays veulent renforcer leurs échanges

Si les sanctions économiques occidentales n’ont pas mis à genoux la Russie, c’est en partie grâce à la Chine, qui s’est largement substituée aux Européens pour l’achat d’hydrocarbures. Cette coopération économique promet de se renforcer avec une hausse de 40% des échanges au premier trimestre et un objectif fixé à plus de 200 milliards de dollars pour 2023. Un commerce fructueux salué mercredi par Xi Jinping, qui recevait le premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, au Palais du peuple. C’est le plus haut dirigeant russe à faire le déplacement de Pékin depuis l’agression de l’Ukraine. Pour l’occasion, le président chinois l’a assuré de son «ferme soutien» en matière «d’intérêts fondamentaux» en rappelant les termes de ses entretiens avec Vladimir Poutine à Moscou en mars dernier pour forger une «nouvelle époque».
Une visite «de routine»
Mikhaïl Michoustine a participé la veille à un forum économique où il a pu s’entretenir avec plusieurs dirigeants chinois dont le premier ministre, Li Qiang. Les deux hommes n’ont pas évoqué que les livraisons de gaz et de pétrole. Il a aussi été question d’agriculture (notamment des livraisons de soja russe, qui pourrait remplacer le soja américain), d’énergie renouvelable, de finance, de bois, de drones civils et de construction navale. Les deux hommes ont encore évoqué l’internationalisation du yuan, la monnaie chinoise, afin de se soustraire à l’«hégémonie du dollar» dans les échanges internationaux.
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Pékin et Moscou n’ont toutefois pas insisté sur la relation particulière qui les unit dans leur volonté d’imposer «un nouvel ordre multipolaire». Les deux pays ont au contraire tenté de relativiser une rencontre présentée comme «normale» entre «pays amis». La presse officielle chinoise est ainsi restée très mesurée sur la signification de la rencontre avec Xi Jinping. Le Global Times, média d’Etat chinois, cite des experts qui évoquent une «visite de routine» et critiquent la «myopie des Occidentaux» lorsqu’ils évoquent une Chine qui «profiterait» du conflit pour bénéficier des hydrocarbures russes à bon prix. «La Chine a ses propres plans pour coopérer avec d’autres pays», explique par exemple Zhu Yongbiao, un spécialiste du programme des Routes de la soie à l’Université de Lanzhou. Le président chinois a rencontré quelques jours plus tôt les dirigeants d’Asie centrale pour un sommet inédit.
Retour à Vladivostok
Côté russe, on indique qu’il s’agit d’une relation «prometteuse» et «prioritaire». «Mais on ne va pas commenter les déclarations des médias occidentaux sur la grande Chine et la petite Russie», explique au Temps un diplomate russe en référence au déséquilibre grandissant entre les deux voisins. A partir du 1er juin, le port de Vladivostok sera ajouté à la liste des ports de transit par les autorités douanières chinoises. Ce sera la première fois depuis le traité de Pékin de 1860 – par lequel l’empire Qing avait cédé ce territoire à la Russie tsariste et qualifié d’«inégal» par la Chine – que des officiels chinois auront de nouveau accès à ce site.
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