Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, a annoncé lundi le lancement d’une opération militaire pour «libérer» la ville de Derna, sous la coupe de groupes islamistes et djihadistes depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

Le maréchal Haftar a précisé que ses forces avaient commencé à pilonner les «bastions des terroristes» dans cette ville située à plus de 1000 km à l’est de la capitale, Tripoli.

Derna est sous le contrôle du Conseil de la Choura des moudjahidin, une coalition hétéroclite de milices islamistes et djihadistes, notamment proches d’Al-Qaida, qui sont hostiles à la fois à Haftar et au groupe Etat islamique (EI). Cette ville était tombée en 2014 sous la coupe de l’EI, qui en avait été chassé en juillet 2015 par cette coalition, à l’issue de combats meurtriers.

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Une «impasse»

En uniforme militaire, le maréchal Haftar s’est exprimé à l’issue d’un défilé militaire à Bengahzi (Est), auquel ont participé des milliers de soldats. Il s’agit de la deuxième apparition du maréchal depuis son retour en Libye le 26 avril, après une hospitalisation d’au moins deux semaines à Paris.

Khalifa Haftar a indiqué avoir donné des instructions à ses forces pour épargner les civils à Derna. Il a aussi expliqué que des «efforts de paix» entrepris depuis trois ans pour éviter une confrontation armée à Derna avaient atteint une «impasse».

Les forces du maréchal Haftar assiègent depuis plusieurs mois cette ville côtière de 150 000 habitants, place forte historique des islamistes radicaux dans l’Est libyen. Elles y conduisent régulièrement des raids aériens contre des positions présumées de djihadistes.

Haftar soutenu

Derna est la seule zone de l’Est libyen à échapper au contrôle de l’autoproclamée Armée nationale libyenne du maréchal Haftar. Ce dernier soutient un gouvernement parallèle qui exerce son pouvoir dans l’Est libyen et qui conteste l’autorité du gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli.

La maréchal Haftar est accusé par ses rivaux de vouloir prendre le pouvoir en Libye et d’instaurer une nouvelle dictature militaire. Il bénéficie du soutien, non déclaré, de pays étrangers, comme l’Egypte, les Emirats arabes unis et la France.

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En proie à l’anarchie depuis 2011, la Libye est progressivement devenue un repaire pour divers groupes djihadistes. L’EI y a revendiqué plusieurs attentats, dont une attaque suicide la semaine dernière à Tripoli contre la Haute Commission électorale libyenne qui a tué 14 personnes.