Le camion arrive, tourne, ouvre son ventre. Une montagne de déchets se déverse sur le trottoir. A deux mètres, Zein, 8 ans, n’est pas impressionné. Depuis le covid, il a troqué les bancs de l’école contre les bacs à ordures. Comme ses cinq frères et sœurs, il passe ses journées dans les poubelles en quête de plastique recyclable. Chaussé de scandales, la peau lacérée de coupures, il arpente le camp de réfugiés palestinien de Chatila, au sud de Beyrouth, pour remplir le sac qu’il traîne derrière lui. Puis il l’apporte chez Mohammad, situé un peu plus loin, à la périphérie du camp. «J’ai commencé cette activité il y a presque dix ans car nous, les Palestiniens, nous n’avons pas beaucoup de choix», lâche-t-il. En effet, Palestiniens comme Syriens ne peuvent travailler légalement au Liban que dans la construction, l’agriculture ou le traitement des déchets. Mohammad rétribue 5000 livres libanaises (environ 12 centimes de franc), le kilo de plastique qu’on lui apporte.