La Libye, un pays en lambeaux
Maghreb
Depuis 2011, la Libye se déchire entre différentes milices soutenues par des puissances régionales au gré de leur intérêt

Depuis la chute du colonel Kadhafi, renversé en 2011 avec le soutien des Occidentaux, la Libye n’en finit plus de se déchirer. Le pays se morcelle au gré des renversements d’alliances et des interférences des puissances régionales. Car la Libye occupe une position stratégique au cœur du bassin méditerranéen. Ses réserves d’hydrocarbures attisent les convoitises. C’est aussi un pays de transit majeur pour les migrants africains qui veulent tenter la traversée de la Méditerranée. Revue des forces en présence.
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Depuis 2015, la Libye dispose d’un gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale. Mais l’autorité du premier ministre Fayez el-Sarraj ne dépasse pas la région de Tripoli. Et le fragile gouvernement doit s’appuyer sur une alliance de milices hétéroclites, dont des islamistes, pour tenir la capitale, qui lui est régulièrement contestée, comme en septembre lors de combats qui ont fait des centaines de morts.
Khalifa Haftar, maréchal autoproclamé
S’il y en a bien un qui conteste la légitimité du gouvernement provisoire, c’est l’autoproclamé maréchal Khalifa Haftar, le maître de l’Est libyen et de ses champs pétroliers. Cet ancien général dans l’armée de Kadhafi est soutenu par l’Egypte et les Emirats arabes unis. Il est le chantre du combat contre les islamistes, qu’il a chassés de son fief de Benghazi en 2017.
Entre ces deux forces, alliées à l’une ou à l’autre, plusieurs milices contrôlent une partie du littoral libyen. C’est le cas de la puissante milice de la ville de Misrata, qui avait joué un grand rôle dans la chute de Kadhafi, celle, salafiste, qui contrôle Sabratha, principal port de départ des migrants, après avoir chassé un groupe concurrent financé par l’Italie qui avait stoppé l’émigration clandestine, ou celle de Zentan, au sud-ouest de Tripoli.
Repli de l’Etat islamique aux alentours de la ville natale de Kadhafi
D’autres groupes armés constitués selon des appartenances ethniques ou tribales contrôlent certaines frontières de la Libye, occasions de trafics et contrebande. C’est le cas des Touareg qui administrent les frontières avec le sud de l’Algérie et une partie de celle du Niger, des Toubous présents plus l’est, à la frontière avec le Tchad, ou des combattants amazighs adossés à la Tunisie.
Enfin, chassé de son bastion de Syrte en 2016, l’Etat islamique s’est replié dans les alentours de la ville natale de Kadhafi. Il continue de commettre des attentats, contre les forces du maréchal Haftar mais aussi à Tripoli contre la Haute Commission électorale en mai dernier ou le siège de la Compagnie nationale de pétrole en septembre.