L’autorité judiciaire iranienne a annoncé qu’une personne accusée d’avoir participé aux «émeutes» a été condamnée à mort. Aucune information n’a été donnée sur son identité ni sur son âge.

Selon le verdict rendu par un tribunal de Téhéran, cette personne est jugée coupable «d’avoir incendié un bâtiment gouvernemental, de trouble à l’ordre public, de rassemblement et conspiration en vue de commettre un crime contre la sécurité nationale, d’être un ennemi de Dieu et de corruption sur terre», détaille Mizan online, l’agence de l’autorité judiciaire.

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Un autre tribunal de la capitale a condamné cinq personnes à des peines allant de cinq à dix ans de prison pour «rassemblement et conspiration en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale et trouble à l’ordre public.» Il s’agit de tribunaux de première instance et les condamnés peuvent donc faire appel, indique Mizan online.

La loi du talion

L’Iran connaît une vague de manifestations depuis la mort, le 16 septembre dernier, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne alors âgée de 22 ans – arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique. La justice iranienne a par ailleurs inculpé près de 800 personnes pour leur participation à de «récentes émeutes» dans les provinces d’Hormozgan, d’Ispahan et de Markazi.

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Selon les chiffres fournis par la justice iranienne, plus de 2000 personnes ont été inculpées, dont la moitié à Téhéran, ces deux derniers mois. Selon Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège, au moins 20 personnes font maintenant face à des accusations passibles d’une peine de mort.

«Nous sommes très préoccupés à l’idée que les exécutions puissent être menées à la hâte», souligne-t-il. En ce sens, il presse «la communauté internationale d’avertir fermement les autorités iraniennes qu’appliquer la peine de mort à des manifestants n’est pas acceptable et aura des conséquences.» Récemment, une grande majorité des 290 députés iraniens avaient réclamé à la justice d’appliquer la loi du talion aux moharebs (ennemis de Dieu), en référence aux auteurs des «émeutes» qui secouent le pays.

La «destruction des relations»

L’Iran a par ailleurs fustigé dimanche la rencontre à Paris entre le président français et des opposantes, qualifiant de «regrettables et honteuses» ses déclarations à l’issue de cette réunion. Emmanuel Macron avait reçu vendredi à Paris quatre militantes iraniennes et salué la «révolution qu’elles sont en train de conduire» dans leur pays. «Il s’agit d’une violation flagrante des responsabilités internationales de la France dans la lutte contre le terrorisme et la violence et nous considérons qu’elle favorise ces sinistres phénomènes», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

L’Iran a en outre vivement réagi dimanche aux propos tenus la veille par le chancelier allemand Olaf Scholz sur son podcast vidéo hebdomadaire: «Quel genre de gouvernement êtes-vous pour tirer sur ses propres citoyens? Quiconque agit de cette manière doit s’attendre à notre opposition.» «La destruction des relations historiques entre l’Iran et l’Allemagne aura des conséquences à long terme et l’Iran possède une longue liste de revendications vis-à-vis de l’Allemagne en matière des droits de l’Homme», a aussitôt déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, dénonçant la position «interventionniste» et «provocatrice» de l’Allemagne.

Selon IHR, au moins 326 personnes ont été tuées par les forces de sécurité lors de la répression des manifestations. Ce chiffre comprend au moins 123 personnes tuées depuis le 30 septembre dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), limitrophe du Pakistan. Pour tenter d’apaiser la situation au Sistan-Baloutchistan, une délégation dépêchée par le guide suprême Ali Khamenei s’est rendue ce week-end dans cette province défavorisée, peuplée d’une importante minorité sunnite.

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Arrivé samedi soir à Zahedan, la capitale provinciale, son représentant Mohammad-Javad Haj Ali Akbari a déclaré dimanche: «Nous sommes venus pour vous faire part du chagrin et de la tristesse qu’éprouve le guide suprême concernant les incidents qui se sont produits» au Sistan-Baloutchistan.