Nucléaire: un accord «temporaire» décidé entre l'Iran et l'AIEA
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Cet «accord bilatéral technique» d'une durée de trois mois prévoit de «maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification», a assuré le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique après des «consultations intenses» à Téhéran

L'Iran et l'AIEA ont annoncé, dimanche, un accord «temporaire» pour maintenir une surveillance des activités nucléaires, bien que réduite. Ce délai devra permettre que les pourparlers diplomatiques s'engagent entre les signataires du pacte de 2015 afin de tenter de sortir de l'impasse.
«L'accès sera réduit, ne nous voilons pas la face, mais nous serons en mesure de maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification», a assuré Rafael Grossi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à son retour à Vienne après des «consultations intenses» à Téhéran. «Cela sauve la situation dans l'immédiat.»
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La loi iranienne, qui prévoit de limiter certaines inspections, y compris sur des sites militaires suspects, si les sanctions américaines ne sont pas levées, «existe et va être appliquée» à partir du 23 février, a-t-il regretté.
Intensive consultations led to a good result. A temporary technical understanding has been reached. The @IAEAorg will continue its necessary verification and monitoring in #Iran. https://t.co/5ZOmSXh24E
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) February 21, 2021
Cet «accord bilatéral technique» d'une durée de trois mois est susceptible d'être suspendu à tout moment. Il prévoit que le nombre d'inspecteurs sur place reste inchangé et que des contrôles inopinés resteront possibles. «Bien sûr, pour parvenir à une situation stable, il faudra une négociation politique, et ce n'est pas de mon ressort», a ajouté Rafael Grossi.
Des inspections réduites d'environ 20 à 30% après la mise en oeuvre de la loi
De son côté, l'Iran avait évoqué un peu plus tôt des discussions «fructueuses», alors que le directeur de l'AIEA a rencontré le président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
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Rafael Grossi pourra «s'acquitter de son obligation de montrer que le programme nucléaire iranien reste pacifique», a promis le chef de la diplomatie iranienne dans une déclaration à Press TV, la chaîne en anglais de la télévision d'Etat.
Selon le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, «les inspections seront réduites d'environ 20 à 30% après la mise en oeuvre de la loi». «Cela ne signifie certainement pas un retrait de l'accord» de 2015.
En revanche, l'Iran ne fournira pas les «enregistrements relatifs aux activités et équipements» de plusieurs sites, comme prévu par la loi votée par le Parlement en décembre, a précisé l'OIEA dans un communiqué, faisant apparemment référence aux données des caméras de surveillance. «Si les sanctions sont complètement levées d'ici à trois mois, ces informations seront communiquées à l'AIEA, sinon elles seront supprimées à jamais.»
Un contexte diplomatique complexe
L'accord de Vienne, conclu avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, Chine), prévoit une levée progressive des sanctions en échange de la garantie que l'Iran ne se doterait pas de l'arme atomique. Même si la République islamique a toujours nié avoir de telles intentions.
Après le retrait unilatéral américain en 2018 et le rétablissement des sanctions qui étranglent l'économie iranienne, l'Iran s'est cependant affranchi, à partir de 2019, de plusieurs limites qu'il avait accepté d'imposer à son programme nucléaire. «Une fois que tout le monde aura fait sa part et rempli ses obligations, alors il y aura (une reprise) des discussions», a répété dimanche Mohammad Javad Zarif.
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Depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden, qui s'est dit prêt à revenir dans l'accord, les Etats-Unis et l'Iran se renvoient la balle sur la question de savoir qui doit faire le premier pas. Washington a accepté jeudi une invitation des Européens à participer à des pourparlers sur le sujet. Mais le lendemain, Joe Biden a appelé ses alliés à travailler de concert pour répondre aux «activités déstabilisatrices» de l'Iran au Moyen-Orient.
Dans ce contexte diplomatique complexe et alors que l'Iran et les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, Téhéran a dit examiner la proposition de l'UE pour une «réunion informelle». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé quant à lui à saisir la «fenêtre d'opportunité» pour mettre fin aux sanctions, une demande qu'il juge «légale et logique».