Irak
Après l'abandon de son premier ministre, le président irakien, Barham Saleh, a désormais quinze jours pour proposer un candidat pour former le futur gouvernement. De nombreux manifestants réclament qu'Alaa al-Rikaby soit nommé

L'Irak plonge encore un peu plus dans la crise. Dimanche, le premier ministre désigné Mohammed Allawi a renoncé à former un gouvernement. Avec ce départ, le président de la République, Barham Saleh, a désormais 15 jours pour proposer un candidat pour former le futur gouvernement.
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Cette fois, Barham Saleh va pouvoir le choisir seul, sans demander l'avis des grands blocs parlementaires comme l'y obligeait la Constitution lors de la désignation de Mohammed Allawi à la fin de l'année dernière. Lorsque le précédent premier ministre, Adel Abdel Mahdi, a démissionné en décembre, l'Irak a plongé dans le flou juridique.
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— Ahmed Mustafa (@ahmedmwstafa) March 1, 2020
The caretaker Prime Minister, Mohammed Allawi, has resigned#Iraq #Iraqi_Goverment pic.twitter.com/Mg3Q9ll96l
La Constitution ne prévoit pas l'option d'une démission du premier ministre et cela n'était jamais arrivé. L'échec du candidat désigné par un consensus entre partis à obtenir la confiance du parlement -qui par deux fois n'est pas parvenu à réunir le quorum- est également sans précédent. Il n'est donc pas clair quelle procédure sera appliquée et sous quel délai. Jusqu'ici, les députés sont parvenus à jouer la montre et à trouver des parades pour contourner les délais constitutionnels.
La promesse d'un cabinet «historique»
Dimanche, pour la troisième fois en une semaine, les députés ont repoussé l'échéance du vote de confiance d'un gouvernement censé renouveler un système politique jugé corrompu et incompétent par des milliers d'Irakiens dans les rues depuis cinq mois. Seuls 108 députés sur 329 se sont présentés à la séance extraordinaire convoquée en pleines vacances parlementaires à l'Assemblée.
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De nombreux manifestants réclament qu'un des leurs, Alaa al-Rikaby, un pharmacien d'une quarantaine d'années résidant à Nassiriya, ville à la pointe de la contestation dans le sud, devienne premier ministre. Mohammed Allawi, deux fois ministre ces dernières années, ne satisfaisait pas la rue même s'il avait promis un cabinet «historique», composé uniquement de ministres non partisans et compétents.
Nouvelles roquettes sur la Zone verte
Encore inconnu, le successeur de Mohammed Allawi aura sur les épaules la lourde tâche de renouer avec des Irakiens en colère, après cinq mois d'une révolte inédite émaillée par près de 550 morts et 30 000 blessés, quasiment tous des manifestants, dont un a de nouveau été tué dimanche, selon des sources médicales.
Dans la nuit de dimanche à lundi de nouveau, deux roquettes se sont abattues dans l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad, a indiqué l'armée irakienne. Elles sont tombées près de l'ambassade des Etats-Unis, a précisé une source de sécurité à l'Agence France Presse (AFP).
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Depuis la fin octobre, 20 attaques à la roquette contre des soldats, des diplomates ou des installations des Etats-Unis en Irak ont tué un sous-traitant américain et un soldat irakien. Aucune n'a été revendiquée mais Washington accuse les factions armées pro-Iran d'en être responsables.