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AbonnéAlors que plusieurs pays européens rapatrient leurs ressortissantes et leurs enfants, deux mères et quatre petits de nationalité suisse tentent de survivre dans un camp du nord-est de la Syrie

Le monde a créé un monstre. «Roj, c’est le nouveau Guantanamo», explique Sélina (nom d’emprunt), une Suissesse détenue dans le camp depuis près de quatre ans. Plus de 60 000 personnes vivent à Roj et à Al-Hol, deux camps tenus par les forces kurdes dans le Nord-Est syrien. Comme ses coreligionnaires – pour la plupart des mères accompagnées de leurs enfants, dont les maris, des djihadistes de l’Etat islamique, sont morts ou incarcérés – Sélina se trouve dans un cul-de-sac sans aucune perspective ni pour elle ni pour sa fille. Certains pays ont fait le choix de rapatrier tous leurs ressortissants, d’autres seulement les mères et leurs enfants, ou encore uniquement les mineurs. La Suisse, qui n’a pourtant qu’une douzaine de citoyens retenus par les Kurdes en Syrie, hommes y compris, campe sur une position très stricte: elle n’a rapatrié personne.