Les Etats-Unis ont empêché mercredi l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une condamnation unanime sur l'attaque meurtrière la veille en Libye d'un camp de détention de migrants, ont indiqué des diplomates. Aucune explication n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès de la mission américaine. Le projet de texte proposé par le Royaume-Uni appelait aussi à un cessez-le-feu et au retour à un processus politique. Selon une source diplomatique européenne, aucune instruction n'est venue de Washington pour un feu vert définitif à la publication de la déclaration.

Un raid aérien a coûté la vie à près de quarante personnes et fait près de 70 blessés dans un centre de migrants à Tajoura dans la banlieue-est de Tripoli, rapportent un photographe de l'Agence France-Presse et des responsables du centre.

«Il s'agit d'un bilan préliminaire. Le bilan pourrait s'aggraver», a ajouté un porte-parole des services de secours, Osama Ali. Selon lui, 120 migrants étaient détenus dans le hangar qui a été atteint de plein fouet par la frappe. Mardi dans la soirée des médias pro-Haftar avaient fait état d'une «série de raids aériens» à Tripoli et Tajoura.

Plusieurs corps gisaient sur le sol du hangar où sont détenus les migrants, tandis que les ambulances se précipitaient sur place, selon le photographe. Le Haut-commissariat aux réfugiés s'est dit sur Twitter «extrêmement préoccupé» par ces frappes, ajoutant que «les civils ne devraient jamais être ciblés».

Dans un communiqué, le gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale a dénoncé «un crime odieux», attribuant l'attaque au «criminel de guerre, Khalifa Haftar», l'homme fort de l'est libyen qui mène une offensive depuis début avril pour s'emparer de la capitale libyenne. Le GNA a accusé les forces pro-Haftar d'avoir mené une attaque «préméditée» et «précise» contre le centre de migrants.

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La frappe contre le centre des migrants n'a pas été revendiquée mais des médias pro-Haftar ont fait état mardi soir d'une «série de raids aériens» à Tripoli et Tajoura.

Une situation critique depuis l'offensive militaire du maréchal Khalifa Haftar

Les agences de l'ONU et organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, et où ils se retrouvent placés «en détention arbitraire» ou à la merci de milices.

Leur situation est devenue plus critique depuis le début de l'offensive militaire le 4 avril du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est libyen, pour conquérir Tripoli, siège du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale.

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La mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) a maintes fois exprimé son inquiétude sur le sort d'environ 3500 migrants et réfugiés «en danger dans des centres de détention situés près de zones d'affrontements».