Delvin regarde le bâtiment en face d’elle. La petite école du village de Soran est aujourd’hui déserte. Pendant plusieurs mois, une ONG s’y est installée pour distribuer de l’aide humanitaire, les kits de première nécessité; des casseroles, des couvertures, des matelas…Mais aujourd’hui, le bâtiment est abandonné, les stigmates de la guerre n’ont pas été réparés. «C’est là que les djihadistes nous ont enfermés quand ils sont arrivés dans leurs pick-up, ils ont tué les hommes dans la cour. C’était nos pères, nos frères… Certains ont réussi à s’enfuir sur la colline. Mais ils ont gardé les femmes. Ma sœur et moi, on a été enlevées et emmenées en Syrie, puis séparées à Raqqa et je ne l’ai plus jamais revue». Après trois ans d’enfer, Delvin a réussi à s’enfuir et à rentrer en Irak. Aujourd’hui, elle n’a plus de larmes, plus la force de pleurer. Huit ans après ces journées d’enfer, les souvenirs sont encore très prégnants. «Là-bas, ils nous ont pris notre dignité, notre honneur. Notre vie.»