Iran
Les délégations du Qatar et de l’Union européenne étaient à Téhéran pour faire avancer les discussions en vue de relancer l’accord de 2015. Une source diplomatique française estime que «l’Iran ferait une erreur en jouant la montre»

L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, arrivé jeudi à Téhéran pour une visite d’une journée, a rencontré le président iranien Ebrahim Raïssi alors que le coordinateur de l’Union européenne pour les négociations sur le nucléaire iranien, Enrique Mora, a eu des entretiens avec le négociateur en chef iranien Ali Bagheri pour la deuxième journée d’affilée, selon l’agence de presse officielle Irna.
«S’agissant des négociations à Vienne, le Qatar les voit toujours de façon positive», a déclaré Cheikh Tamim lors d’une conférence de presse conjointe avec Ebrahim Raïssi, ajoutant que «la seule solution à tout désaccord, c’est le dialogue et les moyens pacifiques». «Nous poussons toutes les parties» à conclure un accord qui soit «juste» pour tout le monde, a-t-il ajouté.
Avertissement contre «l’ingérence de pays étrangers»
Ebrahim Raïssi n’a pas mentionné le dossier nucléaire durant la conférence de presse, mais a mis en garde contre «toute ingérence de pays étrangers, dont occidentaux», ce qui «portera atteinte à la sécurité régionale». Proche allié de Washington, le Qatar entretient également des liens étroits avec l’Iran.
Travelling again to Tehran for meetings with @Bagheri_Kani and other officials on the #ViennaTalks and other issues… https://t.co/2VqEk4yzKB
— enriquemora_ (@Enrique Mora)10 janvier 2022
En parallèle des discussions de l’émir qatari avec le président iranien, Enrique Mora a poursuivi ses discussions avec le négociateur en chef iranien, selon Irna. Son rôle est «de faire tout ce qu’il peut afin de sauver l’accord», selon un porte-parole de l’UE, Peter Stano. Enrique Mora «se trouve à Téhéran pour faire avancer ces discussions, pour pouvoir retourner à Vienne et les conclure de façon positive», a-t-il ajouté. Samedi, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, avait qualifié dans le Financial Times la mission d’Enrique Mora à Téhéran de «dernière cartouche».
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Les négociations lancées il y a un an à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances pour une relance de l’accord de 2015, censé encadrer le programme nucléaire de l’Iran, sont au point mort depuis mars.
Pessimisme
Les discussions entre puissances occidentales et Téhéran sur le nucléaire iranien sont «au point mort», a déclaré jeudi une source diplomatique française. «Nous sommes assez pessimistes», a déclaré cette source en estimant que «l’Iran ferait une erreur en jouant la montre». Mardi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi s’est dit «très» de la situation en dénonçant un manque de coopération iranienne.
Téhéran est engagé depuis un an dans des négociations directes avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, et indirectes avec les Etats-Unis, pour relancer le JCPOA, un accord conclu en 2015 sur son programme nucléaire, mais dont Washington s’est retiré unilatéralement en 2018.
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