Coup de tonnerre jeudi soir à l’annonce du sondage sorti des urnes. Les libéraux-démocrates n’auraient que 23% des voix, et un peu moins de sièges qu’en 2005. «Vos sondages sont complètement faux», s’emporte sur la BBC Paddy Ashdown, l’un des anciens leaders du parti. Puis, au fur et à mesure de la nuit, il a fallu se rendre à l’évidence: Nick Clegg, la «révélation» de la campagne, celui qui suscitait l’exaltation des foules, n’était qu’une bulle. Lui-même n’avait pas d’autre choix que de le reconnaître: «C’est un résultat décevant.»
Catastrophe économique
Comment a-t-elle explosé, cette bulle, tout juste trois semaines après l’arrivée fulgurante sur la scène politique du leader des libéraux-démocrates, à l’occasion d’un débat télévisé? Deux éléments de réponse sont envisageables. Le premier vient tout droit de Grèce. Les conservateurs avertissent depuis des semaines qu’une absence de majorité absolue signifierait une catastrophe économique. Les manifestations à Athènes ont soudain rendu la menace très réelle. «Les gens se sont demandé: que va devenir ma retraite? Et mon salaire de fonctionnaire? Et ils se sont rabattus sur les travaillistes», estime Patrick Dunleavy, de la London School of Economics. Ces derniers réalisent en effet un score moins mauvais qu’anticipé.
Nick Clegg a aussi commis une importante bévue pendant la dernière semaine de campagne électorale. Assailli de questions sur une possible coalition, il a fini par répondre: Gordon Brown était «désespéré»; une réforme du système électoral n’était pas une «précondition» à une coalition avec les conservateurs… Le leader des lib-dem, qui proclame «une nouvelle politique», semblait soudain aussi calculateur que les autres.
Le paradoxe est que Nick Clegg, avec une poignée de députés en moins, est quand même en position de force. S’il négocie habilement dans les jours qui viennent, il peut encore sauver la situation. En devenant un parti de pouvoir – ou du moins qui influence de très près le pouvoir –, il peut réussir à «crédibiliser» le parti centriste britannique. Et espérer réussir une percée lors des prochaines élections.