Nicolas Sarkozy veut priver les non-Européens de la libre circulation dans Schengen
France
Au Touquet durant le week-end, l’ancien président français a réitéré ses propositions pour une nouvelle politique migratoire. Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, annonce lui une communication commune avec l’Allemagne lors de la réunion des ministres européens de l’Intérieur ce lundi

Nicolas Sarkozy, refondateur de Schengen
On l’attendait sur les élections régionales de décembre prochain, à l’issue desquelles son parti, Les Républicains, espère surfer sur son succès aux départementales de mars, et s’emparer entre autres des régions symboles du Nord-Pas-de-Calais-Picardie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce fut fait, lors du campus des Jeunes républicains du week-end au Touquet (Pas-de-Calais), en une formule pour souhaiter la victoire de la droite républicaine «dans ce combat contre la fille et la petite-fille» Marine et Marion Maréchal-Le Pen, respectivement têtes de liste du Front national dans le Nord et dans le Midi.
Mais pour Nicolas Sarkozy, toujours pressé de démontrer qu’il pense «présidentiel», l’urgence était à l’évidence ailleurs: faire à nouveau entendre sa différence sur Schengen et la politique migratoire dans une France menacée, selon lui, par un «risque de désintégration». A la veille de la réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE ce lundi, et d’une convention dédiée des Républicains mercredi.
Racines chrétiennes
Intervenant dans la foulée de Natacha Bouchart, la maire de la ville portuaire de Calais confrontée à l’afflux de milliers de clandestins reclus dans une «jungle» de non-droit espérant gagner le Royaume-Uni, l’ex-chef de l’Etat a donc réitéré ses propositions. Non sans avoir, au préalable, insisté sur les racines chrétiennes de l’Europe, sur «le long manteau d’églises et de cathédrales qui tapissent le territoire français», et sur le «milliard d’hommes» prêts à émigrer si l’Afrique ne parvient pas à les nourrir dans les décennies à venir.
Premier axe: stopper l’immigration économique pour faire place aux «réfugiés de guerre», qui devront être reconduits chez eux lorsque les conflits prendront fin. Une stratégie de remplacement provisoire d’une vague migratoire par l’autre en quelque sorte, sans préciser toutefois sa faisabilité, qui impliquerait d’interdire temporairement les regroupements familiaux. Deuxième proposition, mise en lumière par la situation allemande: l’abrogation immédiate, au sein de l’espace Schengen, dont fait partie la Suisse, de la liberté de circulation pour les non-Européens. «Je ne crois pas à notre capacité de réformer Schengen. Il faut en refonder les règles», a répété Nicolas Sarkozy, jouant sur les mots. Pas de nouveau traité ni de remise en cause des principes, mais des dérogations. A charge pour les pays membres d’adopter «les mêmes politiques migratoires pour éviter les différentiels d’aide et d’accueil qui impactent les flux de réfugiés».
Troisième acte: l’adaptation du droit du sol, qui permet à un enfant né en France de parents étrangers d’acquérir la nationalité française. Ce droit devrait, selon lui, être assorti d’une «présomption de nationalité», permettant de révoquer celle-ci au vu du casier judiciaire ou du fait que les parents étaient clandestins lors de la naissance.
«Troupes au sol» en Syrie
Plus étonnant: l’offensive de l’ex-président pour justifier l’intervention militaire en Libye de 2011, aujourd’hui si controversée. La raison du chaos libyen? L’abandon du pays par la communauté internationale après son départ de l’Elysée, durant l’été 2012. Pas question, donc, de plaider coupable. Au contraire. «La Méditerranée, a-t-il expliqué, reste le cœur de nos problèmes et de nos solutions.» Faisant au passage de sérieux raccourcis géographiques, expliquant que Tunis se trouve à 750 kilomètres de Nice (1100 en réalité) et que la Syrie est à 1200 kilomètres des côtes françaises (3800 en réalité), Nicolas Sarkozy s’est dit favorable à l’envoi d’experts au sol, en Syrie, pour guider les attaques aériennes contre l’Etat islamique, mais aussi à l’envoi futur de troupes pour «former et encadrer une armée syrienne libre». «Il faudra des troupes au sol», a-t-il ajouté. Une position proche de celles des Etats-Unis et à l’opposé de celle de François Hollande, qui s’y est redit hostile le 7 septembre, annonçant des vols de reconnaissance en prélude à des bombardements.
Conclusion? La France, «plongée dans une situation beaucoup plus délicate que ses élites veulent le faire croire», a plus que jamais besoin d’un chef expérimenté et déterminé. Soit… son autoportrait.