La direction doit présenter, "secteur par secteur, le nombre de postes censés être supprimés" d'ici à l'été 2017, selon Didier Fauverte, secrétaire (CGT) du comité central d'entreprise.
A 13h00, les salariés sont, eux, appelés à se rassembler près de l'Assemblée nationale, "en uniforme", contre ce plan menaçant 2900 emplois et pour soutenir cinq de leurs pairs poursuivis pour violences en réunion.
Ces salariés sont soupçonnés d'être impliqués dans l'agression des deux dirigeants qui avaient fui des salariés en colère, chemises en lambeaux. Mis à pied sans salaire, ils seront jugés le 2 décembre.
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Levée des poursuites demandée
Une large intersyndicale représentant les personnels au sol comme les navigants a appelé à la manifestation, pour défendre l'emploi et pour "la levée des poursuites et des procédures disciplinaires".
"Les salariés d'Air France devraient être en nombre, mais cela dépasse même Air France: nous avons eu des messages de salariés d'autres entreprises qui viendront", affirme Laurent Dahyot (CGT). "Ca devrait être l'événement de l'année", prédit Christophe Malloggi (FO).
La mobilisation, assortie de préavis de grève pour certains métiers et escales, ne devrait entraîner que quelques "retards possibles".
Air France, qui a déjà perdu 5500 postes entre 2012 et 2014, est dans la tourmente depuis que direction et pilotes ont échoué à s'entendre sur un plan de productivité et de croissance prévoyant que tous les navigants volent une centaine d'heures de plus par an.
Faute d'accord, la compagnie avait présenté le 5 octobre un plan alternatif de restructuration menaçant 2900 emplois (300 pilotes, 900 hôtesses et stewards, 1700 au sol) sur 2016-2017.
Première phase lancée
Le directeur général d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a affirmé dimanche que la deuxième phase du plan, en 2017, pourrait être "évitée" si un accord intervenait sur de nouveaux efforts de productivité d'ici à début 2016. Mais la première phase est lancée, et les suppressions de postes qui vont avec, "moins d'un millier", a-t-il dit.
Lundi, François Hollande a jugé possible "d'éviter les licenciements", via la négociation, sans évoquer le rôle que pourrait jouer l'État, actionnaire à hauteur de plus de 17%.
Pierre Laurent (PCF) lui a demandé jeudi sur France 2 de "s'opposer à ce plan et à se poser un certain nombre de questions". Par exemple, "est-ce qu'on continue en 2015 et en 2016 à verser du CICE (Crédit impôt compétitivité emploi) à Air France, alors que cette entreprise annonce 2900 suppressions d'emplois?"
Pour les syndicats, les mesures de départs volontaires que la direction veut mettre en oeuvre en 2016 ne suffiront pas à résorber le sureffectif.
"Il faut que soient entendues les alternatives portées par les organisations syndicales d'Air France aux licenciements envisagés", a réclamé la CGT. Le syndicat demande aussi "une table ronde avec l'État actionnaire".
"Stratégie ambitieuse"
FO a appelé de ses voeux une "stratégie ambitieuse", accompagnée par "un État qui engage une politique volontariste de défense du transport aérien français face à la concurrence déloyale", en référence aux compagnies du Golfe.
Les représentants du personnel devraient voter jeudi en CCE pour enclencher une procédure de droit d'alerte. Le but? Dire que "le fameux 'plan B' est une impasse économique et donc une impasse sociale", a développé Laurent Berger (CFDT) sur RTL.
"J'espère que la direction va comprendre qu'il est hors de question d'aller vers des suppressions de lignes à Air France, des suppressions d'avions, parce que ce serait le début de la faiblesse d'Air France", a-t-il ajouté.
Le plan de restructuration prévoit de réduire de 10% l'offre long courrier en 2016 et 2017, par des retraits d'avions, des réductions de fréquence ou des suppressions de lignes non rentables.