Au moins 46 migrants, vraisemblablement des Ethiopiens, sont morts noyés lorsque leur navire a chaviré à l’approche du Yémen après avoir traversé le golfe d’Aden, selon l’agence de l’ONU pour les migrations. Au moins 100 personnes étaient «entassées» sur ce bateau.

Le personnel de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a pu venir en aide aux rescapés, arrivés sur une plage du Yémen. L’agence précise dans un communiqué que parmi les victimes figurent 37 hommes et 9 femmes; 16 autres personnes sont portées disparues.

Ce navire d’un contrebandier a quitté le port de Bossaso, au nord de la Somalie, mardi. Au moins 100 migrants – 83 hommes et 17 femmes – y avaient été «entassés» à son bord, détaille l’OIM. L’embarcation a chaviré en raison des hautes vagues alors qu’elle approchait de sa destination à l’aube, mercredi. L’agence précise que, d’après ses informations, ces migrants étaient tous des Ethiopiens.

«Une tragédie cachée à la vue de tous»

«Les survivants ont dit que les passagers qui n’avaient pas de gilet de sauvetage, dans le bateau du contrebandier, ont commencé à paniquer à l’arrivée des hautes vagues», explique l’OIM. «Au fur et à mesure que le bateau prenait l’eau, ils ont été projetés tête baissée dans la mer agitée», ajoute l’organisation.

Un porte-parole de l’OIM à Genève, Leonard Doyle, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’il était «criminel» d’entasser des migrants dans un bateau, sans gilets de sauvetage. Les rescapés ont reçu une assistance médicale, de la nourriture et un soutien psychosocial de l’OIM, tandis que le CICR et le Croissant-Rouge du Yémen ont assuré l’inhumation des défunts.

«La tragédie migratoire honteuse du golfe d'Aden est une tragédie qui est cachée à la vue de tous», a déclaré Mohammed Abdiker, directeur du département des opérations et des situations d’urgence de l’OIM, cité dans le communiqué.

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Quelque 7000 migrants entrent au Yémen chaque mois. Au total, quelque 100 000 migrants, principalement de la Corne de l’Afrique, ont fui leurs pays en 2017 pour arriver au Yémen malgré la guerre et la crise humanitaire qui ravagent ce pays, selon l’OIM.

La désillusion à l’arrivée

Fuyant la violence et la pauvreté, notamment en Erythrée, en Somalie et en Ethiopie, ces hommes et ces femmes espèrent atteindre les pays arabes du Golfe, plus prospères. Ils sont à la merci des contrebandiers, a expliqué l’organisation.

Une fois au Yémen, où quelque 10 000 personnes ont été tuées en trois ans de guerre entre les forces pro-gouvernementales et les rebelles houthis, les plus chanceux trouvent un travail clandestin, selon l’OIM. Les moins fortunés sont exposés aux mauvais traitements, aux abus sexuels et à la violence.

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L’organisation Human Rights Watch a publié en avril un rapport affirmant que des employés du gouvernement yéménite ont «torturé, violé et exécuté» des migrants et des demandeurs d’asile dans le centre de détention pour migrants de Buraika, dans la province d’Aden, dans le sud du Yémen.