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Nouvel emblème humanitaire: conférence en décembre?

La réunion vise à adopter le nouvel emblème.

du «cristal rouge»aux côtés de la croixet du croissantLes Israéliens sont formels. Le week-end dernier, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey est allée annoncer au premier ministre Ariel Sharon qu'elle entendait réunir, début décembre à Genève, les 192 Etats parties aux Conventions de Genève.

Attendue de longue date, cette conférence diplomatique vise à adopter un nouvel emblème aux côtés de la croix rouge et du croissant rouge - le «cristal rouge» - qui, à son tour, permettrait d'inclure la société nationale israélienne du Magen David Adom (le bouclier rouge de David) dans la grande famille internationale de laquelle elle a toujours été exclue.

«C'est un important accomplissement des efforts diplomatiques israéliens de ces dernières années», s'enorgueillissait lundi le Ministère des affaires étrangères de l'Etat hébreu. La révélation de cette information, confirmée mardi au Temps par une source israélienne autorisée, a cependant provoqué un certain embarras à Berne. «Une décision définitive n'est pas encore prise. La Suisse envisage de convoquer cette conférence d'ici à la fin de l'année», explique Lars Knuchel, porte-parole de Micheline Calmy-Rey, s'en tenant ainsi au mandat qui a été confié à la Suisse en sa qualité d'Etat dépositaire des Conventions de Genève.

La question du Magen David Adom incommode depuis des années la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Alors qu'une solution avait été trouvée en l'an 2000, la conclusion avait capoté du fait de l'irruption de l'Intifada palestinienne. Depuis lors, les Etats-Unis ont multiplié les pressions diplomatiques et financières. Voilà quatre ans, par exemple, que la Croix-Rouge américaine ne paie plus ses cotisations à la Fédération internationale.

Et si les Etats arabes faisaient bloc?

Ces pressions ont contribué à ce que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) augmente notablement sa coopération avec la société nationale israélienne. Pour l'Etat hébreu, cependant, le moment était venu d'aller plus loin, et de récolter les fruits de la bonne image internationale produite par la récente évacuation des colonies juives de Gaza. «C'est une question qui doit être dissociée de tout calcul politique, assure-t-on néanmoins à Jérusalem. Après tout, nouvel emblème ou pas, les secours israéliens sont à l'œuvre sur le terrain pour aider aussi bien les Israéliens que les Palestiniens.»

Les diplomates suisses savent pourtant qu'ils marchent sur les charbons ardents. Car, à quoi rimerait l'organisation d'une conférence internationale si les Etats arabes et musulmans faisaient bloc contre l'adoption du nouvel emblème? Censé garantir à ses usagers une reconnaissance et, si possible, une protection universelle, le «cristal rouge» naîtrait au contraire sur des bases particulièrement fragiles. En conformité avec l'usage, c'est bien un consensus préalable aussi large que possible qu'il s'agit d'obtenir pour la Suisse. Ensuite, la conférence elle-même ne se transformerait qu'en une pure formalité.