Alors que L’Aquila continuait mardi de chercher ses derniers disparus, les répliques ont provoqué de nouvelles victimes. Dans la soirée, une secousse de 5,3 sur l’échelle de Richter a ébranlé toute la région. Une femme est morte dans un petit village proche de L’Aquila. Il pourrait y avoir d’autres morts et disparus. Un pompier a été blessé et de multiples édifices se sont effondrés. Sur la place centrale de L’Aquila, l’église Santa Maria des âmes saintes, qui avait déjà été très endommagée, a été détruite. La secousse a suscité une vive angoisse parmi les 17 000 sans-abri qui vivent désormais dans des tentes ou dorment dans leurs véhicules.

229 morts et 1000 blessés

Tout au long de la journée, les travailleurs de la morgue improvisée ont continué à œuvrer. Sous une lumière blafarde, les dizaines de sacs blancs enveloppant les cadavres sont disposés au fond du hangar. A droite, à l’entrée de cette structure de la brigade financière de L’Aquila, une quarantaine de cercueils ont été placés. Amenés précipitamment, quelques-uns sont encore partiellement recouverts de leur emballage en plastique. Sur le couvercle, les responsables de la morgue ont inscrit à la hâte quelques indications. Date de naissance parfois, le nom des victimes et le lieu du décès. Plusieurs proviennent d’Onna, ce petit bourg à l’est de la ville qui a été littéralement balayé par le tremblement de terre de lundi.

Dans une salle adjacente, les experts des carabiniers tentent de redonner une identité à certains cadavres. Après avoir fait une brève enquête dans les hôpitaux de la cité, des familles attendent fiévreusement des nouvelles. Khaled, un jeune Arabe israélien inscrit à l’Université de L’Aquila, cherche son ami Hussein, 22 ans, qui a disparu dans «la maison des étudiants», effondrée sur ses occupants: «Il est plutôt enveloppé, a la tête rasée et la peau mate comme moi.» Les services de protection civile n’ont aucune information à son sujet.

«On a une chance de sortir des survivants des décombres dans les 72 heures qui suivent le tremblement de terre, explique Giovanni, un responsable de la protection civile venu de Rome pour coordonner les opérations. Après, cela tient du miracle.» Mardi, en fin d’après-midi, Hussein n’avait toujours pas été retrouvé, une jeune fille a en revanche été sortie vivante des décombres. Et le bilan provisoire du séisme s’établissait à 229 morts et environ 1000 blessés, dont une centaine gravement.

Hier, le président du Conseil, Silvio Berlusconi, est retourné à L’Aquila promettant qu’il «viendra tous les jours». Il a poliment refusé l’aide étrangère, hormis celle de Washington pour restaurer le patrimoine culturel endommagé – «Nous sommes un peuple fier et nous avons assez d’argent» – avant de céder en fin de soirée. Le dirigeant a également invité les habitants sinistrés à se rendre à la mer durant les vacances de Pâques. «L’Etat paiera», a-t-il assuré en promettant également de reconstruire rapidement la ville.

Hier, la presse italienne commençait à se faire l’écho d’interrogations et de questions sur «le bluff des immeubles antisismiques». Le président de la commission nationale pour la prévention des grands risques, Franco Barberi, a estimé qu’en «Californie, un tel tremblement de terre n’aurait même pas fait un seul mort». Et d’ajouter: «Il faut poser le problème des contrôles de la qualité des constructions. En particulier pour les structures publiques.»

A L’Aquila, en cas de catastrophe naturelle, il était prévu que l’organisation de secours soit coordonnée depuis la préfecture. Mais celle-ci a été emportée par le séisme.