Citant des documents fournis par Edward Snowden, le Guardian affirme qu’un programme secret de l’Agence de sécurité nationale NSA, baptisé XKeyscore, permet de surveiller «à peu près tout ce qu’un utilisateur lambda» fait sur le réseau. XKeyscore traque en temps réel les courriels, les recherches ou l’utilisation des réseaux communautaires d’une cible donnée.
Le programme repose sur l’utilisation de quelque 500 serveurs disséminés dans le monde, y compris en Russie, en Chine ou au Venezuela.
Contrairement aux autres systèmes de surveillance dont l’existence a déjà été révélée, il offre la possibilité de travailler sans connaître un identifiant «fort» d’une cible, son adresse mail par exemple. XKeyscore permet par exemple de remonter jusqu’à une personne à partir d’une simple recherche effectuée sur internet. Selon les documents, le logiciel a permis aux agents américains de capturer «plus de 300 terroristes», affirme le Guardian.
Réagissant dans un communiqué mercredi soir, la NSA a réaffirmé que ses activités étaient dirigées «seulement» contre des «cibles étrangères légitimes», et jugé que «la divulgation publique de données classifiées sur les systèmes de collecte de la NSA, sans mise en contexte, ne fait rien de plus que mettre en danger ses sources et ses méthodes tout en ajoutant à la confusion sur une question très importante pour le pays».
«Les révélations continues et sélectives de techniques et d’outils spécifiques utilisés par la NSA […] sont préjudiciables à la sécurité nationale», ajoute encore l’agence.
De leur côté, les sénateurs n’ont pas interrogé leurs témoins sur ces nouvelles révélations. Le président de la commission, le démocrate Patrick Leahy, a toutefois rappelé le besoin d’avoir des «réponses directes» aux questions des élus.
Des documents déclassifiés
Par ailleurs, mercredi dernier, des documents confidentiels ont été rendus publics par les services de renseignement. Dans «l’intérêt d’une transparence accrue», justifiait l’ODNI dans un communiqué. Manière de respecter ainsi le jeu de la transparence deux mois après les premières révélations d’Edward Snowden, l’ancien consultant de l’Agence de sécurité nationale NSA.
L’un des documents déclassifié est l’autorisation de la Cour de surveillance du renseignement étranger (FISC) délivrée le 25 avril 2013 et obligeant l’opérateur téléphonique Verizon à livrer chaque jour pendant trois mois l’ensemble des métadonnées (numéro appelé, durée des appels) à la NSA. C’est en révélant l’existence de ce document le 5 juin dans le Guardian que Snowden s’est fait connaître.
Un autre document date de 2011 et présente ces programmes de surveillance dans une sorte de plaidoyer pour le renouvellement de leur autorisation. Le programme de collecte des métadonnées a été renouvelé jusqu’en 2015.
Lors de l’audition mercredi devant la commission sénatoriale, le numéro deux du département de la Justice, James Cole, s’y est référé pour expliquer ce que le gouvernement tirait de cette collecte massive.
Il a ainsi plaidé que «le gouvernement pouvait rechercher les données seulement s’il soupçonnait de façon argumentée que le numéro de téléphone recherché était associé avec certaines organisations terroristes».
«Cela doit être documenté. Si ça ne l’est pas, vous ne pouvez y accéder», a-t-il assuré. En 2012, sur les milliards de données stockées, des recherches n’ont été effectuées que sur «300 identifiants uniques» qui ont abouti à 12 rapports au FBI.