Les ministres des Affaires étrangères iranien, brésilien et turc ont signé lundi matin un accord sur un projet d’échange d’uranium faiblement enrichi iranien contre du combustible hautement enrichi qui devrait avoir lieu en Turquie. Ils ont signé cet accord en présence du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

«Dans le cadre de cet accord, la Turquie sera le lieu pour stocker l’uranium faiblement enrichi iranien», a déclaré Ramin Mehmanparast aux journalistes. «Nous allons informer dans la semaine l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de cet accord. La quantité de l’échange est de 1200 kg» d’uranium enrichi iranien à 3,5%, a-t-il ajouté.

«L’AIEA doit informer le groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) de cette proposition», a-t-il ajouté.

Un ancien projet revisité

Le groupe de Vienne avait négocié en novembre dernier un échange de combustible avec l’Iran. Selon la proposition faite à l’époque, l’Iran devait envoyer en Russie 1200 kg de son uranium faiblement enrichi pour obtenir en contrepartie du combustible hautement enrichi fabriqué par la France. Mais Téhéran a refusé cette offre, demandant que l’échange se fasse de manière simultanée ou par étape et en petites quantités et en territoire iranien. Aujourd’hui, Téhéran accepte de faire l’échange en Turquie.

«Nous espérons que l’autre partie acceptera cette proposition», a ajouté M. Mehmanparast. «En cas d’accord du groupe de Vienne, il y aura un échange entre 1200 kg d’uranium iranien enrichi à 3,5% contre 120 kg de combustible enrichi à 20%», a ajouté Ramin Mehmanparast. «Le lieu du stockage de l’uranium iranien sera la Turquie sous la supervision de l’Iran et de l’AIEA», a-t-il ajouté. La lettre à l’AIEA devrait lui parvenir d’ici un mois selon la chaîne semi-officielle PressTV

Si les grandes puissances acceptent cette proposition, «l’Iran enverra dans un délai d’un mois 1200 kg de son uranium faiblement enrichi en Turquie», a-t-il ajouté.

Réaction immédiate d’Israël

L’Iran a «manipulé» la Turquie et le Brésil en «faisant semblant d’accepter» un arrangement sur l’enrichissement d’une partie de son uranium en Turquie, a accusé lundi un haut responsable israélien qui a requis l’anonymat. «Les Iraniens avaient déjà fait le coup dans le passé en faisant mine d’accepter une telle procédure pour faire baisser la tension et les risques de sanctions internationales aggravées, puis les Iraniens avaient refusé de passer aux actes», a expliqué ce responsable.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a dit qu’il revenait à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de répondre à cet accord.

Un texte déjà jugé insuffisant

L’accord conclu en vue d’un échange de combustible nucléaire iranien contre de l’uranium enrichi «ne répond pas à toutes les inquiétudes» de la communauté internationale, a déclaré lundi un porte-parole de la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton.

L’annonce faite lundi peut «constituer un pas dans la bonne direction» si les détails de l’accord sont bien confirmés, mais «cela ne répond pas à toutes les inquiétudes» au sujet du programme nucléaire de Téhéran, a déclaré le porte-parole.

L’Iran reste sous la menace de sanctions de l’ONU malgré la signature d’un accord avec le Brésil et la Turquie sur l’échange de combustible nucléaire, estimaient lundi aussi des diplomates proches de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne.

«Il n’y a pas de problème avec l’accord concernant le réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. Mais, convenir de l’apport en combustible pour ce réacteur ne va pas changer la donne aux yeux de la communauté internationale» sur la question de l’enrichissement de l’uranium, a déclaré un diplomate occidental, sous couvert d’anonymat.

L’Iran est déjà sous le coup de trois séries de sanctions de l’ONU pour son refus d’arrêter son programme d’enrichissement d’uranium, que les puissances occidentales soupçonnent d’être une couverture pour l’accès à l’arme nucléaire.