Publicité

Les organisations humanitaires suisses mobilisées au Pakistan pour «sauver des vies»

Terres des hommes, Caritas, Medair ainsi que le CICR sont à pied d'œuvre. Les dons commencent à affluer.

«C'est une catastrophe vraiment immense, le paysage est détruit, les gens aussi.» Bettina Bülher, de Caritas Suisse, vient de rentrer du Cachemire. Elle se trouvait au Sri Lanka lors du tremblement de terre, a sauté dans un avion à la demande de son organisation pour «voir sur place et évaluer». Caritas, qui possède un solide réseau international dont une branche pakistanaise, a très vite réagi. Les partenaires locaux sont allés sur le terrain, ont sondé les premiers besoins. «Tout le monde dit là-bas que l'hiver arrivera dans quinze jours et qu'il va neiger, c'est une course contre la montre», prévient Bettina.

Caritas Suisse, partenaire de la Chaîne du bonheur, a engagé 1,1 million de francs. Mille familles sont déjà secourues dans des régions reculées au nord de Balakot, 3700 couvertures chaudes ont été distribuées ainsi que 12400 grosses vestes. «On monte un millier de tentes et autant de latrines», précise à Lucerne Bertrand Fischer, le porte-parole de l'association. Autre projet dont Caritas Suisse a déjà mesuré les bienfaits au Niger et au Mali: le programme «argent contre prestation». «Pour installer les tentes, il faut faire de la place, remblayer, explique Bertrand Fischer. On rétribue ceux qui veulent, qui prennent la pelle.»

Au Mont-sur-Lausanne, siège de Terre des hommes (Tdh), on se félicite d'avoir monté récemment une cellule d'urgence, une nouveauté pour cette organisation habituellement tournée vers l'aide à longue échéance et le développement. «Le 8 octobre, la terre a tremblé, le 12 une première équipe évaluait sur place les besoins», souligne Yann Colliou, qui dirige la cellule. Tdh, qui possède des missions en Afghanistan et au Pakistan, a détaché ses volontaires au Cachemire. La ville de Mansehra à la frontière du Cachemire pakistanais a été identifiée comme base. «On a observé qu'il y avait de vastes mouvements de population parce que l'aide n'arrivait pas, des camps de 50 à 2500 sinistrés ont alors poussé un peu partout», poursuit le responsable.

Terre des hommes a ciblé une petite vallée et a ouvert une quinzaine de boulangeries artisanales. Le pari est de donner du pain à 6000 personnes par jour pendant trois mois. Ce programme nutritionnel s'accompagne des activités traditionnelles de Tdh: le soutien psychosocial, les activités ludiques dispensées sous les tentes aux enfants «pour revenir un peu à la normalité et identifier les comportements atypiques». L'organisation prévoit de demeurer sur place au moins dix-huit mois.

Les Lausannois de Medair, une ONG spécialisée dans l'urgence, ont quant à eux huit expatriés sur place qui ont reçu comme mot d'ordre de «faire vite». «La neige arrive et 3 millions de personnes sont sans abri», avertit Eric Jaffrain, directeur de Medair Suisse. L'organisation présente depuis dix ans en Afghanistan, «la seule sous le régime des talibans», s'est rendue dans la région isolée de Rawalakot et y secourt 1000 familles. Des abris temporaires sont construits, des kits de survie d'hiver sont répartis et un magasin de fournitures (vaisselle, savon, lampe, outils...) imaginé comme un self-service a été ouvert. L'organisation rappelle qu'elle a pu débloquer 120000 francs au début de la crise mais que le besoin d'argent demeure urgent.

A la Chaîne du bonheur, on reconnaît que les dons ont mis du temps à affluer. La tendance actuelle est cependant à une accélération des versements (un demi-million de francs par jour). La somme réunie est à ce jour de 5,1 millions. «Plus d'images et l'impact de la conférence des donateurs la semaine passée à Genève ont sensibilisé l'opinion», note Catherine Baud-Lavigne, la porte-parole. Le citoyen suisse, le plus généreux au monde pour les collectes humanitaires, est enfin en train de mettre la main à la poche.

Au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), on confirme que cinq hélicoptères continuent à se poser dans des villages isolés, en dépit des reliefs escarpés, à la recherche de populations qui n'ont pas encore été secourues. Un hôpital de campagne sous tente a été installé à Muzaffarabad, d'une capacité de cent lits. Plus de trois semaines après le séisme, l'action est encore «de sauver des vies».