Dans l’intervention de George Osborne, il y a le texte et le contexte. Le contexte d’abord: le grand argentier intervient à Berlin devant les élites économiques. Londres veut soigner la relation germano-britannique. C’est un discours bien fait qui insiste sur les valeurs communes. En substance, il dit aux Allemands «nous sommes les deux grandes économies qui marchent, voyons quels sont nos points communs» sachant qu’à Paris la porte est moins ouverte. L’Allemagne est plus réceptive. Il essaye d’enfoncer un coin entre Paris et Berlin. Mais il n’est pas sûr qu’il y parvienne, personne n’est dupe. Objectivement, il pense que c’est à Berlin qu’on fera tout ce qu’il est possible de faire pour conserver le Royaume-Uni dans l’UE.

Il y a le texte ensuite: Osborne se focalise sur les enjeux économiques et passe rapidement sur les questions touchant à la souveraineté, au pouvoir des parlements, à la liberté de circuler, thèmes évoqués auparavant par Cameron. Les réformes économiques entreprises au Royaume-Uni et en Allemagne devraient servir à changer l’Europe. Il faut moins d’administration. Il n’y a rien de nouveau. Ce qui est nouveau par contre c’est le fait de dire que l’intégration de la zone euro met en danger la City. Il s’adresse là aux élites britanniques. Sa réponse n’est pas un droit de veto de la Grande-Bretagne face à la Banque centrale européenne, mais le respect d’un marché unique et des intérêts des pays hors de la zone euros. Il veut sortir de la fiction d’un euro qui serait la monnaie de toute l’UE. Habilement, il identifie les incertitudes constitutionnelles liées à la création d’une union bancaire. Il sait que les Allemands ne sont pas à l’aise sur ce plan. Il y a un intérêt à changer le traité: les Allemands pourraient aller plus loin dans l’intégration et on en profiterait pour introduire des règles qui garantissent les pays de l’UE hors zone euro.»