On l'a longtemps appelé «Mister 10%», rapport aux commissions qu'il ponctionnait lorsque son épouse était première ministre. Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, assassinée en décembre dernier, devrait être élu président du Pakistan pour un mandat de cinq ans ce samedi, par une majorité parlementaire cependant fragile. Il succédera ainsi à Pervez Musharraf, poussé à la démission le 18 août par la coalition gouvernementale.

L'homme, 52 ans, traîne une réputation sulfureuse. Il a été soupçonné de corruption, d'extorsion de fonds et de meurtre. Blanchi en 2004 d'une partie de ces accusations, après onze ans passés en prison, il est amnistié en 2007 suite à des négociations entre le général Musharraf et la famille Bhutto exilée à Londres. C'est l'assassinat de sa femme, dans un attentat, qui donne à ce père de trois enfants une véritable stature: Asif Ali Zardari prend alors la tête du Parti du peuple pakistanais - en binôme avec son fils Bilawal - et se lance à la conquête du pouvoir.

Héritier d'une famille de grands propriétaires terriens du sud du pays, il épouse en 1987 Benazir Bhutto, fille de l'ancien président de la République. Le mariage est arrangé. Play-boy, amateur de chevaux et de voitures, il s'essaie très vite à la politique. Sa femme est élue première ministre en 1988. Il obtient le portefeuille de l'Investissement en 1995. S'il ne sort pas du sillage tracé par Benazir Bhutto, on lui reproche d'être la cause de tous ses ennuis. La première dame est démise deux fois de ses fonctions, pour corruption et mauvaise gestion. Lui est emprisonné pour trois ans en 1990 et pour huit ans en 1996. Il rejoint son épouse à Londres dès sa libération en 2004. Le couple a toujours clamé son innocence, affirmant que les accusations à son encontre étaient des manœuvres «politiques». Le Parquet genevois, qui avait gelé quelque 12 millions de dollars dans le cadre d'une procédure contre Asif Ali Zardari, vient de classer l'affaire.

Problème psychologique

Selon des documents rendus publics récemment, les médecins du candidat à la présidence l'auraient déclaré, l'année dernière, sévèrement atteint psychologiquement. Des symptômes de «démence, dépression et stress post-traumatique», qui seraient dus à cette décennie passée derrière les barreaux. Son entourage assure qu'il va beaucoup mieux.