Il y a un an, l’audace du geste avait suffi. Tandis que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, affichait son intention de demander la reconnaissance de la Palestine au Conseil de sécurité de l’ONU, les gens dansaient dans les rues de Cisjordanie. Aujourd’hui, les Palestiniens multiplient les réactions de colère, contre la vie chère, contre un occupant israélien toujours aussi présent et contre… leur propre président dont les promesses n’ont abouti à rien.
Entre-temps, ce qui devait être un coup d’éclat s’est transformé en coup d’épée dans l’eau. Devant l’opposition frontale des Etats-Unis, et sa menace d’un veto, le Conseil de sécurité n’a même pas pris la peine de voter sur la question. Le pari palestinien a tout juste conduit à son intégration en tant que membre à l’Unesco. Mais au passage, il a valu à cette dernière de perdre près du quart de son budget, soit la part de la contribution américaine.
Mahmoud Abbas, pourtant, l’a répété ce dimanche: la Palestine entend récidiver, cette fois à travers l’Assemblée générale de l’ONU, dont la nouvelle session s’ouvre ce mardi à New York. «Nous avons 133 Etats qui reconnaissent la Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale», affirmait le président palestinien, sur un ton exempt toutefois de tout triomphalisme: «Si nous n’y allons pas, l’ensemble de la cause palestinienne tombera dans l’oubli.»
Statut d’Etat observateur
A l’inverse du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale n’offrirait à la Palestine qu’un statut d’Etat observateur et non de membre de plein droit. Faute de mieux, l’Autorité palestinienne continue cependant de penser que ce chemin pourrait lui ouvrir la porte à d’autres enceintes internationales, dont la Cour pénale internationale, où la Palestine serait ainsi à même de s’opposer aux agissements israéliens.
«Terrorisme diplomatique»
En un an, l’environnement international ne s’est pas beaucoup dégagé pour la cause palestinienne. La semaine dernière, une porte-parole du Département d’Etat américain, Victoria Nuland, rappelait que, vu de Washington, la seule «voie réaliste» pour les Palestiniens consistait à revenir à la table des négociations avec Israël.
Dans leur programme de campagne, aussi bien Barack Obama que son rival républicain Mitt Romney ne font pratiquement pas référence au conflit israélo-palestinien, sinon pour assurer leur soutien sans faille à l’Etat hébreu. Comme Israël, les Etats-Unis considèrent que la quête d’une reconnaissance par la communauté internationale constitue une action «unilatérale». Une position d’autant plus étonnante, en réalité, que l’Etat d’Israël est lui-même le fruit d’une création des Nations unies.
Le chef de la diplomatie israélienne, le faucon Avigdor Lieberman, a déjà mis en garde sur le fait qu’Israël considérait la démarche palestinienne comme du «terrorisme diplomatique». L’Etat hébreu a menacé à plusieurs reprises la future Palestine de représailles, dont par exemple la retenue des taxes qu’il applique sur les biens palestiniens. Des menaces auxquelles le Congrès américain ajoute en outre la suspension de toute aide et de tout contact avec les Palestiniens en cas de passage à l’acte. «C’est du chantage. Je ne sais pas comment l’appeler autrement», expliquait récemment à la BBC la négociatrice palestinienne Hanan Ashraoui.
«Soyez-en sûrs, nous irons de l’avant», assurait de son côté un Mahmoud Abbas qui devrait faire la demande officielle le 27 septembre prochain. «Nous ne partirons pas et nous ne répéterons pas l’erreur de 1948», concluait-il. Une référence au refus des Palestiniens, et du reste du monde arabe, de reconnaître à l’époque la création de l’Etat d’Israël.