C'est un problème délicat, parfois insoluble. Le renouvellement des 10 membres non permanents au Conseil de sécurité a le plus souvent des allures de bataille. A plus forte raison quand le Venezuela est candidat et que son dirigeant - le trublion anti-impérialiste Hugo Chavez - fait de la candidature de son pays une affaire personnelle.
Le bras de fer a duré trois semaines. Après 47 tours de scrutin sans résultat, les deux pays ont désigné le Panama comme candidat de compromis. Le Conseil de sécurité des Nations unies - l'exécutif de l'organisation - est formé de 5 membres permanents (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, Chine et France) et de 10 membres non permanents. Ces derniers ont un mandat de deux ans et sont renouvelés chaque année par moitié par un vote à la majorité des deux tiers de l'Assemblée générale.
Depuis des semaines, la succession au siège de l'Argentine tournait à l'affrontement politique. D'un côté, le Guatemala, soutenu par les Etats-Unis contre la candidature vénézuélienne et l'épouvantail Chavez. De l'autre, un leader altermondialiste décidé coûte que coûte à utiliser la tribune de l'exécutif onusien pour dénoncer la politique étrangère de Washington.
Mais au jeu des chaises musicales, le Guatemala a fait les frais du soutien affiché des Etats-Unis. Le pays avait terminé nettement en tête des 47 tours de scrutin lancés le 9 octobre dernier. Sans réussir cependant à recueillir les 121 voix minimum indispensables pour l'emporter. Car le vote se fait à la majorité des deux tiers des votants à l'Assemblée, qui compte 192 Etats membres. «Le soutien des Etats-Unis s'est révélé pour nous une arme à double tranchant», a indiqué Gert Rosenthal. Le ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, qui a retiré la candidature de son pays à contrecœur, relativisait l'appui américain à l'ONU, où bon nombre des Etats membres sont hostiles à Washington.
De son côté, Arias Cardenas, l'ambassadeur du Venezuela aux Nations unies, s'est félicité de la «leçon importante» pour les Etats-Unis: le retrait conjoint des deux candidats en lice a donné «une leçon importante à la puissance hégémonique du continent et de la planète», selon le diplomate. Car le gouvernement américain «n'a pas pu imposer son candidat».
Autres temps, mêmes mœurs
Les places de membre non-permanent au Conseil de sécurité sont chères. Autres temps, mêmes mœurs: en 1979, en pleine Guerre froide, c'est à l'issue de 155 tours de scrutin que Cuba, soutenue par le bloc de l'Est, et la Colombie, candidat pro-occidental, ont fini par renoncer à leur candidature, se désistant en faveur du Mexique, un pays jugé plus neutre.