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Le Panama sur la voie du Conseil de sécurité de l'ONU

Le Venezuela et le Guatemala retirent leur candidature de non-permanent.

Le tribun de Caracas a fini par faire machine arrière. En accord avec les autorités guatémaltèques, Hugo Chavez a accepté mercredi de renoncer. Le Venezuela et le Guatemala ont retiré conjointement leur candidature au siège latino-américain du Conseil de sécurité des Nations unies. C'est le Panama qui devrait profiter du statu quo. Sa candidature devait être acceptée jeudi par les 35 pays du bloc régional d'Amérique latine et des Caraïbes. A la charge, par la suite, de l'Assemblée générale de l'ONU de voter l'admission formelle, à compter du 1er janvier prochain.

47 tours de scrutin

C'est un problème délicat, parfois insoluble. Le renouvellement des 10 membres non permanents au Conseil de sécurité a le plus souvent des allures de bataille. A plus forte raison quand le Venezuela est candidat et que son dirigeant - le trublion anti-impérialiste Hugo Chavez - fait de la candidature de son pays une affaire personnelle.

Le bras de fer a duré trois semaines. Après 47 tours de scrutin sans résultat, les deux pays ont désigné le Panama comme candidat de compromis. Le Conseil de sécurité des Nations unies - l'exécutif de l'organisation - est formé de 5 membres permanents (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, Chine et France) et de 10 membres non permanents. Ces derniers ont un mandat de deux ans et sont renouvelés chaque année par moitié par un vote à la majorité des deux tiers de l'Assemblée générale.

Depuis des semaines, la succession au siège de l'Argentine tournait à l'affrontement politique. D'un côté, le Guatemala, soutenu par les Etats-Unis contre la candidature vénézuélienne et l'épouvantail Chavez. De l'autre, un leader altermondialiste décidé coûte que coûte à utiliser la tribune de l'exécutif onusien pour dénoncer la politique étrangère de Washington.

Mais au jeu des chaises musicales, le Guatemala a fait les frais du soutien affiché des Etats-Unis. Le pays avait terminé nettement en tête des 47 tours de scrutin lancés le 9 octobre dernier. Sans réussir cependant à recueillir les 121 voix minimum indispensables pour l'emporter. Car le vote se fait à la majorité des deux tiers des votants à l'Assemblée, qui compte 192 Etats membres. «Le soutien des Etats-Unis s'est révélé pour nous une arme à double tranchant», a indiqué Gert Rosenthal. Le ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, qui a retiré la candidature de son pays à contrecœur, relativisait l'appui américain à l'ONU, où bon nombre des Etats membres sont hostiles à Washington.

De son côté, Arias Cardenas, l'ambassadeur du Venezuela aux Nations unies, s'est félicité de la «leçon importante» pour les Etats-Unis: le retrait conjoint des deux candidats en lice a donné «une leçon importante à la puissance hégémonique du continent et de la planète», selon le diplomate. Car le gouvernement américain «n'a pas pu imposer son candidat».

Autres temps, mêmes mœurs

Les places de membre non-permanent au Conseil de sécurité sont chères. Autres temps, mêmes mœurs: en 1979, en pleine Guerre froide, c'est à l'issue de 155 tours de scrutin que Cuba, soutenue par le bloc de l'Est, et la Colombie, candidat pro-occidental, ont fini par renoncer à leur candidature, se désistant en faveur du Mexique, un pays jugé plus neutre.