Une vingtaine de militants de Reporters sans frontières (RSF) ont déplié des parapluies blancs en criant «Libérez Liu Xiaobo», le prix Nobel de la Paix 2010, au passage vendredi du convoi du président chinois Hu Jintao sur les Champs-Elysées à Paris. Alors que la voiture du président chinois approchait de l’Arc de Triomphe, les militants, derrière des barrières métalliques installées le long de l’avenue, ont ouvert des parapluies blancs sur lesquels était inscrit «Libérez Liu Xiaobo» et scandé le même slogan.

Mais la police est aussitôt intervenue, arrachant des mains des militants ces parapluies. Quatre membres de RSF et un militant chinois ont été interpellés, selon l’ONG. D’autres militants avaient été retenus dans le métro par la police avant d’arriver sur les lieux de la manifestation, selon cette source.

Hu Jintao se rendait sur la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe. Il s’agit d’une étape traditionnelle dans le protocole des visites d’Etat.

A Nice (sud-est), où le président chinois est attendu dans l’après-midi pour de nouveaux entretiens avec Nicolas Sarkozy, une cinquantaine de personnes, principalement des militants d’Amnesty international, ont manifesté, loin du centre-ville.

Surveillance maximale

La visite d’Etat du président chinois, jusqu’à samedi, est placée sous haute surveillance, de façon à ce qu’aucune manifestation ne puisse l’approcher. La veille, pour la première journée de sa visite, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté, mais très loin du palais de l’Elysée, où Hu Jintao s’entretenait avec Nicolas Sarkozy.

«On a essayé de faire en sorte que Hu Jintao entende une parole sur les droits de l’Homme et sur Liu Xiaobo», a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF, organisation de défense de la liberté de la presse. «On a le sentiment que sinon personne ne va parler de Liu Xiaobo pendant cette visite, c’est absolument scandaleux», a-t-il ajouté.

Les ONG accusent Nicolas Sarkozy de sacrifier la question des droits de l’Homme aux intérêts des entreprises françaises qui, jeudi, ont engrangé environ 16 milliards d’euros de contrats avec la Chine, au premier jour de la visite d’Etat.

La vice-ministre chinoise des Affaires étrangères Fu Ying a affirmé jeudi à Paris que le sort de Liu Xiaobo, dissident emprisonné depuis 2009, n’était «pas un sujet à aborder entre la Chine et la France».

La Chine a par ailleurs mis en garde des pays contre une participation à la cérémonie de remise du Nobel de la paix, un nouveau signe de l’irritation de Pékin contre le choix du comité Nobel norvégien.

Selon des sources diplomatiques interrogées vendredi, l’ambassade de Chine à Oslo a envoyé une lettre aux délégations d’autres pays pour leur demander plus ou moins implicitement de ne pas prendre part à la cérémonie Nobel le 10 décembre dans la capitale norvégienne.

A Pékin, le vice-ministre des Affaires étrangères Cui Tiankai a menacé vendredi de «conséquences» les pays qui apporteraient leur soutien au dissident, selon l’agence Dow Jones Newswires.