«Rétablir l'ordre»
Devant l'Assemblée nationale, le premier ministre, Dominique de Villepin, a affirmé que «la priorité immédiate» de son gouvernement serait de «rétablir l'ordre et de le rétablir sans délai». Mais il a aussi promis un traitement plus «social» du problème des banlieues déshéritées: un projet de loi sur «l'égalité des chances» devrait être élaboré dans les prochaines semaines, et un «plan d'action sur l'éducation» sera présenté avant la fin du mois.
Le premier ministre a aussi voulu mettre fin à la querelle entre Nicolas Sarkozy, qui entend débarrasser les quartiers sensibles de la «racaille», et le ministre délégué à l'Egalité des chances, Azouz Begag, qui a critiqué le vocabulaire «guerrier et imprécis» de son collègue. «La fermeté et la justice sont la seule ligne du gouvernement», a dit Dominique de Villepin. Il a ostensiblement salué les efforts de Nicolas Sarkozy, son rival au sein de la droite, tout en prenant ses distances avec la politique de «tolérance zéro» prônée par ce dernier: «Traitons différemment la petite délinquance et la grande criminalité», a souhaité le chef du gouvernement.
Sur le fond, Dominique de Villepin n'a pas répondu aux critiques de l'opposition de gauche: selon elle, la suppression de la police de proximité au profit de lourdes unités antiémeute et la baisse des subventions aux associations de quartier ont joué un rôle dans la vague de violence de ces derniers jours.
Loin de ces joutes politiciennes, un responsable policier confiait son inquiétude concernant la nuit de mercredi à jeudi: «Soit ça passe, soit ça casse et ça repart de plus belle. Certains gros secteurs comme La Courneuve (ndlr: cité sensible du nord de Paris) n'ont pas encore démarré.» D'après lui, un facteur décisif sera la météo: «S'il pleut, la situation va peut-être se calmer.»