Le parti de l’opposante birmane Aung San Suu Kyi a été officiellement dissous après son refus de participer aux prochaines élections législatives, attendues d’ici la fin de l’année, a-t-on appris vendredi de source gouvernementale.

La Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait annoncé le 29 mars qu’elle boycottait les élections législatives, les premières depuis 20 ans. Selon les lois électorales, une participation l’aurait en effet obligé à exclure la lauréate du prix Nobel de la paix, en résidence surveillée, ce à quoi elle s’est refusée. Faute d’être inscrite pour le scrutin, la formation a été automatiquement dissoute. «La LND n’est plus un parti politique enregistré», a indiqué un responsable gouvernemental sous couvert de l’anonymat.

La LND avait remporté triomphalement les élections législatives de 1990. Mais la junte n’a jamais reconnu les résultats et le parti n’a pas été autorisé à exercer le pouvoir.

Le scrutin est attendu fin octobre ou début novembre.

«Les autorités ne nous ont pas informé de quoi que ce soit mais c’est la loi. Nous n’existerons plus légalement comme parti mais notre siège restera ouvert comme d’habitude», a indiqué Nyan Win, porte-parole de la LND. Symboles et drapeaux de la Ligue, fondée le 27 septembre 1988, étaient toujours en place vendredi matin devant le siège du parti, selon des témoins.

Scission en vue?

Peu après cette annonce, d’ex-cadres de la LND ont informé l’AFP de leur intention de créer une nouvelle formation politique.

«Nous avons pris la décision de former un parti politique», a déclaré Khin Maung Swe, ex-membre du comité central exécutif de la Ligue, «nous devons attendre la réponse des ex-membres de la LND dans les autres Etats du pays mais j’espère que nous pourrons nous enregistrer ce mois- ci».

Khin Maung Swe a précisé que le nom du parti n’avait pas encore été choisi et que sa participation aux élections n’était pas tranchée.

Au total, quelque 25 ex-membres de la LND ont décidé de créer cette nouvelle formation de l’opposition. D’intenses débats ont eu lieu au sein de la LND autour de son boycottage, que Mme Suu Kyi avait elle-même préconisé.

Contacté par l’AFP, Nyan Win, porte-parole de la LND, a estimé vendredi que la décision de créer un autre parti relevait du «choix personnel» de Khin Maung Swe et de ses partenaires. «Mais ils devraient obéir formellement à la décision unanime de la LND» de boycotter les élections.

Certains analystes craignaient ces derniers jours qu’une telle initiative ne conduise à une scission de la LND, et provoque des dissensions majeures au sein d’une opposition déjà affaiblie.

«Je crois aux partis politiques, je soutiens ceux qui veulent travailler pour le peuple et je considère que les partis politiques doivent exister», a expliqué Khin Maung Swe. «La LND est finie mais nous poursuivrons son travail inachevé en lui conservant notre fidélité ainsi qu’à Aung San Suu Kyi, même si personne ne nous a désignés». «Notre politique est d’avancer vers une véritable démocratie, à travers le libéralisme social. Notre programme économique est l’établissement d’une économie de marché mixte», a-t-il précisé.

L’ex-membre du comité central exécutif, par ailleurs porte-parole de la LND, avait indiqué depuis plusieurs jours qu’il envisageait de former un nouveau parti avec d’autres compagnons de lutte.

Le scrutin est attendu fin octobre ou début novembre. La communauté internationale a déjà indiqué qu’elle n’accordait aucune crédibilité au scrutin sans la participation des prisonniers politiques et, notamment, d’Aung San Suu Kyi.