Manifestations à risques
L’afflux annoncé de manifestants anti-Biya inquiète les autorités genevoises. D’autant que les soutiens du président, via l’ambassade camerounaise à Berne, ont eux aussi appelé à un rassemblement concurrent ce samedi. Les deux manifestations devraient être autorisées, à condition que les organisateurs respectifs acceptent les mesures de sécurité de la police genevoise. Celle-ci est également présente autour de l’hôtel Intercontinental.
Deux policiers ont assisté à l’agression du journaliste de la RTS sans toutefois intervenir, alors que les faits se sont produits sur la voie publique, pointe l’association Reporters sans frontières, dans un communiqué. «Les violences se sont déroulées très rapidement et les agents étaient affectés à la protection du bâtiment. Ils auraient difficilement pu intervenir face à la douzaine de présumés gardes du corps camerounais», répond-on à la police genevoise. Celle-ci a ensuite négocié la reddition des affaires du journaliste qui lui avaient été dérobées.
Le journaliste agressé a porté plainte. «Il faut maintenant que cette plainte soit instruite, plaide Denis Masmejan, le secrétaire général de RSF-Suisse. Le téléphone portable du journaliste a pu être manipulé, ce qui mettrait en danger ses sources. Les faits doivent être établis, même si les agresseurs ont peut-être quitté la Suisse ou bénéficient éventuellement de l’immunité diplomatique. Les attaques contre les journalistes ne sont pas tolérables.»
Selon la RTS, la Suisse a protesté auprès des autorités camerounaises mais marche sur un fil, car elle a reçu un mandat de médiatrice dans le conflit qui oppose le gouvernement camerounais aux séparatistes anglophones. Les diplomates suisses, assistés par le Centre du dialogue humanitaire, une ONG genevoise, espéraient réunir en toute discrétion des représentants rebelles cette semaine dans une station valaisanne.
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La réunion a bien eu lieu, mais pour la discrétion, c’était raté. L’arrivée du président Paul Biya a attiré les regards vers la Suisse. D’autant que la presse pro-gouvernementale camerounaise assurait que la raison du énième séjour présidentiel en Suisse était ces «négociations de paix». Le DFAE assure que les deux choses ne sont pas liées et que les discussions n’en sont qu’à un stade préliminaire. Tout en accueillant Paul Biya et ses gardes du corps, la Suisse doit continuer d’être considérée comme neutre par les rebelles et le gouvernement. Un exercice d’équilibriste.