L’homme d’une soixantaine d’années au passé trouble, condamné en 2011 à 30 ans de prison au Maroc pour des viols sur onze mineurs, «a été arrêté à Murcie» et doit être mis à disposition du tribunal madrilène de l’Audience nationale, a indiqué un porte-parole du ministère.
La grâce de ce pédophile espagnol, décidée mardi dernier par le roi du Maroc Mohammed VI, avait provoqué une vague de colère populaire dans le royaume. Le roi avait finalement décidé dimanche de l’annuler.
Selon les médias officiels marocains, la grâce royale a été accordée à 48 prisonniers espagnols au nom de l’excellence des relations entre l’Espagne et le Maroc, quelques jours après une visite du roi Juan Carlos au Maroc au mois de juillet.
Une source proche du dossier à Madrid a expliqué lundi que le gouvernement espagnol avait proposé au Maroc 48 noms de prisonniers, parmi lesquels «une liste de 18 prisonniers en demandant à ce qu’ils soient graciés et une autre de 30 noms demandant qu’ils soient transférés en Espagne afin d’y purger leur peine. L’homme figurait dans cette seconde liste».
L’annulation de la grâce, une décision à «caractère exceptionnel»
La décision «à caractère exceptionnel» du roi du Maroc Mohammed VI, a été motivée par «la gravité des crimes commis et le respect du droit des victimes», indique le Palais royal marocain dans un communiqué publié par l’agence officielle MAP.
Le texte du Palais royal note ainsi que le ministre marocain de la Justice, Mustapha Ramid, devra «examiner avec son homologue espagnol les suites à donner à l’annulation de cette grâce», une formule qui «ouvre la voie» à une demande de Rabat pour que le pédophile y purge le reste de sa peine (28 ans, ndlr), a affirmé l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, Alberto Navarro, cité par le quotidien El Pais.
Dans son communiqué, le Palais royal rappel que Mohammed VI a ordonné, samedi soir, l’ouverture d’une «enquête approfondie […] visant à déterminer les responsabilités et les défaillances» et qu’il n’avait «jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l’intéressé a été condamné».
Le roi d’Espagne n’aurait pas demandé sa grâce
Le roi d’Espagne s’est seulement intéressé à «la situation» de ces détenus et a demandé que l’un d’eux, malade, puisse purger sa peine en Espagne, a déclaré lundi la Maison royale espagnole.
Lors d’une rencontre avec le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkiran, le roi Juan Carlos «lui a demandé formellement que l’un d’eux, un camionneur atteint de diabète et d’une maladie du cœur, puisse rentrer en Espagne pour y purger sa peine», a ajouté le porte-parole de la Maison royale.
Il a également précisé que le roi n’avait jamais sollicité une telle mesure et que Mohammed VI «a été plus loin» que l’intérêt exprimé par Juan Carlos en l’informant quelques jours après sa visite qu’il avait décidé de grâcier 48 prisonniers espagnols.
«Le roi l’a remercié […] sans savoir de qui il s’agissait», a-t-il ajouté.
Le chef des prisons marocaines révoqué
Le roi du Maroc Mohammed VI a également révoqué lundi le directeur de l’administration pénitentiaire: «l’enquête a conclu que ladite administration, lorsqu’elle a été sollicitée par le Cabinet Royal, a transmis par inadvertance des informations erronées de la situation pénale de l’intéressé», selon un communiqué du palais royal marocain.