A voté? Non, pas exactement. Ou pas encore tout à fait. Il fallait le mettre dans l’urne, votre enveloppe, Monsieur le Président. Car au moment de l’y glisser, François Hollande l’a tout bonnement lâchée à côté de la fente. Sans qu’il s’en rende compte, davantage préoccupé des caméras qui le filmaient, qui n’en ont pas loupé une miette, ce qui a beaucoup fait rire (ou désolé, c’est selon) les réseaux. Le lapsus, après qu’il eut même oublié de refermer correctement le rideau de l’isoloir, aurait pu expliquer le mauvais score des socialistes aux élections régionales françaises ce dimanche:

On sait bien, en effet, qui a remporté le scrutin. Par la bouche de Marion Maréchal Le Pen, qui a annoncé sur Twitter sa victoire en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, dimanche. Egalité. Le lapsus est venu de la droite, cette fois, puisque «la nièce de» a écrit: «On a gagner! Merci à tous!» Déferlante immédiate de retweets narquois, évidemment, avant que le micromessage soit supprimé. D’ailleurs pas tant pour la faute de syntaxe que pour une annonce de résultats avant 20h, ce qui est interdit.

Le monde politique français qui soudain perd les pédales, est-ce dû au choc? Il était attendu, pourtant! Mais cela n’a pas empêché les deux quotidiens les plus opposés sur le spectre politique, Le Figaro et L’Humanité, de titrer en «une», à l’unisson: «Le choc». Ni le magazine en ligne Slate d’y ajouter une autre «une», assez célèbre: en 1984, lors des élections européennes, Libération avait déjà utilisé cette formule – «Le choc» – après que le parti alors dirigé par Jean-Marie Le Pen eut remporté 11% des suffrages:

De toute manière, deux langues de vipère ont trouvé leur bouc émissaire pour expliquer le gâchis. Yann Barthès, d’abord, le grand manitou du Petit Journal, qui juge sa chaîne, Canal +, irresponsable avec sa campagne d’affichage pour le retour des Guignols, le 13 décembre prochain, week-end du second tour: on y voit Jean-Marie et Marine le Pen s’enlaçant dans de jolies retrouvailles. Il n’a pas manqué de le faire savoir sur Instagram:

Et, plus accusateur encore, Cyril Hanouna, surtout connu pour être l’animateur de Touche pas à mon poste! sur D8, qui, lui, estime que les médias sont largement responsables de la montée du Front national à force de le diaboliser et de l’exclure:

Mais ce n’est pas tout. Hanouna en a ajouté une couche en écrivant encore sur Twitter: «Les politiques, arrêtez de penser à votre gueule, bougez-vous le c…!! Les Français en ont marre! Les jeunes sont au chômage! #detresse». Inutile de préciser qu’il a ainsi déclenché «un flot de commentaires partagés entre soutien enthousiaste et accusations de populisme», selon les mots du gratuit 20 Minutes.

Quant à Yann Barthes, plusieurs journalistes lui ont répondu avec une virulence certaine. Ainsi, Thomas Vampouille, de Metronews: «Vous avez raison, dorénavant on couvrira les attentats en faisant la danse des sardines.»