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Pierre Moscovici devra batailler pour s’imposer dans la nouvelle Commission européenne

L’ex-ministre français rencontre ce jeudi Jean-Claude Juncker à Bruxelles. Il est souvent perçu comme trop «dilettante»

Pierre Moscovici fixé sur son sort

UE L’ex-ministre français rencontre ce jeudi Jean-Claude Juncker

Pierre Moscovici s’apprête peut-être à battre en retraite ce jeudi à Bruxelles. Jusque-là, la nomination de l’ancien ministre français des Finances comme prochain commissaire européen en charge de l’Economie paraissait acquise. Mais un ultime virage pourrait être pris aujourd’hui vers midi, lorsque le député PS du Doubs rencontrera le président de l’exécutif communautaire, Jean-Claude Juncker, nommé le 27 juin pour succéder au Portugais José Manuel Barroso.

Selon des sources bruxelloises, ce dernier pourrait en effet lui proposer l’important portefeuille de la Concurrence, laissant le champ libre pour l’Economie au titulaire actuel du poste, l’ex-premier ministre conservateur finlandais Jyrki Katainen, successeur de son compatriote Olli Rehn, élu au Parlement européen

A l’instar de Pierre Moscovici, tous les candidats désignés par leur pays pour siéger au sein de la Commission sont auditionnés cette semaine par l’ancien premier ministre du Grand-Duché. Celui-ci devra ensuite s’assurer l’approbation des capitales, en vue d’une annonce rapide de son «collège» pour que le Parlement européen puisse tenir ses auditions et voter la confiance en octobre. La prise de fonction de la nouvelle Commission est fixée au 1er novembre.

Le cas de Pierre Moscovici est toutefois, de loin, l’un des plus politiques. Le fait de lui refuser le poste des Affaires économiques, pour lequel il s’est positionné, risque d’être interprété comme un camouflet infligé à la France, alors que le pays est en situation très difficile et que Paris a obtenu en mai 2013 un répit de deux années supplémentaires pour ramener son déficit public à moins de 3% du PIB en 2015.

Coup dur pour Hollande

Même si la concurrence est l’une des compétences maîtresses de la Commission, régulièrement amenée à sanctionner les multinationales, voir l’économie échapper au socialiste français sera aussi perçu comme un mauvais coup porté à François Hollande qui, après avoir soutenu la candidature de Jean-Claude Juncker, a accepté samedi dernier la nomination d’un non-francophone, le Polonais Donald Tusk, à la présidence du Conseil européen. Nicolas Sarkozy, pour mémoire, avait bataillé avec succès en 2009 pour que Michel Barnier obtienne le portefeuille du Marché intérieur. Ce dernier avait ensuite dû batailler ferme pour s’imposer dans le domaine des réformes bancaires et financières.

Le poids de Pierre Moscovici dans la Commission va aussi dépendre de l’organisation de celle-ci. Or, selon plusieurs sources, Jean-Claude Juncker prévoit de l’articuler autour de cinq domaines: relations extérieures et commerce; économie et budget; développement durable; agenda numérique et compétitivité; cohésion territoriale et citoyenneté. Chacun de ces secteurs serait confié à un vice-président.

L’affaire sera dès lors d’autant plus mal vécue à Paris si Pierre Moscovici, qui a quitté le gouvernement français en avril pour préparer son départ à Bruxelles, se retrouve «chaperonné» par Jyrki Katainen. A la tête de son pays de juin 2011 à juin 2014 après en avoir été ministre des Finances, ce conservateur de 43 ans a mené une politique d’austérité dure en Finlande. Il avait, lors des plans d’aide à la Grèce, demandé des garanties supplémentaires pour les prêts finlandais.

Souvent qualifié de «dilettante», M. Moscovici peut encore espérer un retournement… ou un poste de vice-président de la commission. Il était à Berlin mardi, où il a rencontré Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances. Sa nomination à la Concurrence, poste important, pourrait aussi contribuer à laisser de la place au très ambitieux ministre des Finances espagnol Luis de Guindos, bien placé pour devenir à la mi-2015 président de la zone euro à la place du Néerlandais Jeroen Dijsselbloem.