Pluie de démissions à la tête de l’Etat
égypte
Les départs se succèdent au sein du gouvernement égyptien, ébranlant chaque heure davantage le régime de Mohamed Morsi. Le président a rejeté l’ultimatum fixé par l’armée exigeant qu’il réponde aux demandes de l’opposition. Celle-ci a désigné Mohammed ElBaradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour la représenter et préparer une transition politique

L’opposition égyptienne a annoncé mardi qu’elle désignait Mohammed ElBaradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour la représenter et préparer une transition politique.
Le «Front du 30 juin», qui rassemble les plus importants partis et mouvements hostiles au président islamiste Mohamed Morsi, a déclaré dans un communiqué que Mohamed ElBaradei serait sa «voix» et était chargé de «préparer un scénario» en vue de mettre en œuvre une «transition politique».
Le régime ébranlé
Sous la pression de la rue, les démissions se succèdent au sein du gouvernement égyptien, ébranlant chaque heure davantage le régime de Mohamed Morsi. Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, a annoncé son départ, rejoignant quatre autres ministres, dont celui du Tourisme, démissionnaires depuis la veille. Mohammed Kamel Amr est le plus important membre du cabinet à se retirer. Dans la foulée, le porte-parole de la présidence Ehab Fahmi et le porte-parole du gouvernement, Alaa al-Hadidi, ont quitté leur poste.
Infligeant un revers supplémentaire au président islamiste, la justice, engagée depuis son élection dans un bras de fer avec Mohamed Morsi, a ordonné la réintégration du procureur général, Abdel Méguid Mahmoud, nommé sous Hosni Moubarak, qu’il avait limogé en novembre par décret présidentiel.
Sur la place Tahrir, où les manifestants exultaient lundi soir après l’annonce de l’armée donnant à Mohamed Morsi 48 heures pour «satisfaire les revendications du peuple», l’ambiance était tendue.
L’ultimatum de l’armée pour que soient «satisfaites les revendications du peuple», qui vient à échéance mercredi soir, a été lancé par le commandement militaire au lendemain de manifestations massives à travers tout le pays pour exiger le départ du président issu des Frères musulmans, élu il y a tout juste un an. Si ce délai était dépassé, l’armée a indiqué qu’elle présenterait une «feuille de route» visant à sortir de la crise.
Ultimatum rejeté
La présidence a rejeté cet ultimatum dans la nuit en affirmant que «l’Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances», et en présentant Mohamed Morsi comme le garant de la «réconciliation nationale» et de la «paix sociale».
Le chef de l’armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, avait déjà déclaré la semaine dernière que les militaires ne laisseraient pas le pays «plonger dans un tunnel sombre de conflit et de troubles».
L’armée, qui avait assuré une direction controversée du pays entre la chute de Hosni Moubarak début 2011 et l’élection de Mohamed Morsi en juin 2012, a démenti mardi matin vouloir préparer un «coup», et assuré qu’elle cherchait «à pousser tous les bords politiques à trouver une issue rapide à la crise actuelle».
La principale coalition de l’opposition, le Front du salut national, a affirmé sa «confiance» dans l’armée, estimant que ses déclarations prouvaient que les militaires ne voulaient «pas s’investir en politique».
La communauté internationale tempère
Le président américain Barack Obama a invité «toutes les parties à faire preuve de retenue», appelant Mohamed Morsi à «faire en sorte que les voix de tous les Egyptiens soient entendues».
L’Iran a appelé l’armée à respecter «le vote des électeurs» et à «soutenir le dialogue national», reprenant une demande de Mohamed Morsi rejetée par l’opposition qui n’entend pas négocier avec le chef d’Etat.
Dimanche, la foule avait déferlé dans la capitale et dans de nombreuses autres villes aux cris de «Le peuple veut la chute du régime», le slogan déjà scandé début 2011 contre le pouvoir autoritaire de Hosni Moubarak.
Au moins 16 personnes ont été tuées dans tout le pays en marge des manifestations. Des affrontements similaires avaient déjà fait huit morts, dont un Américain, la semaine dernière.