Pluie d’hommages à Stéphane Hessel
Revue de presse
L’«éternel jeune homme» s’est éteint dans la nuit de mardi à mercredi. Louanges quasi unanimes de la presse internationale pour le résistant, diplomate, penseur et auteur du best-seller «Indignez-vous!», vendu à 4,5 millions d’exemplaires dans le monde

«Stéphane Hessel est effectivement décédé cette nuit», a tweeté le journaliste français Claude Askolovitch, mercredi à 9h05, avant que l’information ne soit confirmée vingt minutes plus tard par l’AFP. L’ancien résistant et écrivain français est décédé à 95 ans dans la nuit de mardi et mercredi.
«La voix des Indignés s’éteint à Paris», titre en une El País , qui consacre deux pleines pages au «jeune nonagénaire qui crie Indignez-vous!». Et compare le livre de 32 pages de Stéphane Hessel, vendu à 4,5 millions d’exemplaires dans 35 pays, au «Manifeste du parti communiste» de 1848: c’est un «manifeste du XXe siècle» contre «l’injustice, la surexploitation, le néolibéralisme sauvage, la fausse démocratie et la corruption».
«Peu de gens atteignent une célébrité planétaire lorsqu’ils sont nonagénaires», remarque plus pragmatiquement l’ Independent , qui rappelle au passage que Hessel a étudié à la London School of Economics en 1934-1935. Le Financial Times le retient surtout comme «l’inspirateur des manifestations d’Indignés».
Libération , avec 32 pages spéciales, affiche son soutien au «juste», tandis que Le Monde salue avec plus de réserve la «mort d’un humaniste» et que le Figaro s’«étonne» encore de la «gloire tardive» de l’ancien résistant.
Pas qu’un «Indigné»
«Sa vie était un roman. Le roman d’un siècle», écrit Le Soir . Le quotidien belge résume le parcours de cet ancien résistant, diplomate, défenseur de la cause palestinienne, qui a traversé deux guerres mondiales, a vu la montée du nazisme et du stalinisme, a été «rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme», comme le rappelle La Vanguardia .
Avec Hessel «les derniers cadres de la Résistance disparaissent», note Le Monde . Mais il a aussi été une «conscience verte», rappelle Die Welt . Et Le Soir de citer la socialiste belge Véronique De Keyser, qui cosigne avec Hessel un livre encore à paraître: «Au-delà de l’indignation, qui était son leitmotiv, je retiens surtout sa bienveillance et son espoir.»
La chaîne panarabe Al-Jazira déplore la disparition d’un «héros de la résistance» et «survivant de l’holocauste». Alyaexpress au contraire, l’un des rares médias israéliens à consacrer plus qu’une dépêche au décès de Stéphane Hessel, ne cache pas sa joie devant la disparition, «enfin», de ce «gauchiste pro-palestinien et écrivain français». Dans un éditorial, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) estime qu’il «fut avant tout un maître à ne pas penser».
Le monde politique en émoi
Mais de manière générale, dans le «monde politique en émoi», les hommages se multiplient et «ne se limitent pas à sa famille politique», comme le remarque Gala . François Hollande – qui avait bénéficié du soutien de Hessel durant sa campagne pour la présidentielle française – a exprimé sa «grande tristesse». Le premier ministre Jean-Marc Ayrault, le maire de Paris, Ségolène Royal sur Twitter et Facebook, chacun «y est allé de son communiqué».
De cette «pluie d’hommages», le quotidien Les Echos propose aussi un aperçu. Sur Twitter, Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande, rend hommage à Stéphane Hessel et adresse ses «condoléances à sa famille et à son épouse». La députée verte Eva Joly s’exclame que «l’indignation ne meurt jamais». Le quotidien aurait pu citer encore le premier ministre de Belgique, Elio Di Rupo, qui, sur le réseau social, se montre en photo avec Stéphane Hessel.
«Méritait-il d’être sanctifié de son vivant?» s’interrogeait mercredi soir le forum radiophonique de la RTS. A présent, il mérite au moins le panthéon, pour Eva Joly, qui a lancé sans grand succès le mot-clé «#unindignéaupanthéon» sur Twitter.
«Il y a quelque chose de louche dans ce concert de louanges», estime Slate.fr , pour qui cette quasi-unanimité est «le bal des hypocrites». Et à cette figure qui serait «restée dans l’anonymat total sans le miracle d’un petit livre», la voix discordante rend son propre hommage: «Le voici dans une autre valse, loin du bal des faux nez et des faux-culs.»